I see your blue eyes everytime I close mine

Capucine ne s’était pas douté que s’unir avec son professeur serait si intense. C’était plus qu’une simple nuit dans les bras d’un homme. Leur bulle était un mélange de passion, tendresse mais aussi de tristesse. Toutes ces sensations enveloppant la jeune femme ajoutaient un goût particulier à ce moment. Moment qui se termina beaucoup trop vite à ses yeux. Ça aurait pu durer des heures, elle n’en aurait pas eu assez. C’était tellement bon de ressentir une telle chose mais c’était aussi tout nouveau. Ce n’était pas de l’amour, elle en était parfaitement consciente mais elle savait aussi que son cœur pourrait la faire basculer de ce côté à n’importe quel instant. Ce ne serait pourtant pas une bonne idée, Capucine allait souffrir, c’était une évidence. Elle ne voyait pas son professeur tout plaquer pour elle. Ses yeux parcoururent son corps à présent apaisé et endormi. Ils étaient passés par tellement d’émotions en si peu de temps que cette accalmie était finalement bienvenue. La jeune femme se perdit dans ses pensées en l’observant. Comment avait-elle fait pour ne pas craquer avant ? Evidemment, elle n’avait jamais nié le trouver beau mais ne s’était jamais intéressée à lui. Il était son professeur et tout ce qu’elle avait vu en lui était un moyen d’apprendre. Il était talentueux. Pourtant, au lieu de réagir comme ses amies qui l’admiraient, elle avait préféré le critiquer et l’accuser de choses susceptibles de ruiner sa carrière. Et aujourd’hui, où en était-elle ? Presque à tomber amoureuse de lui. Ça n’était pas censé arriver. Jamais elle n’aurait dû avoir ce type d’attirance pour lui puisque c’était ce qu’elle lui avait longuement reproché. Capucine se sentait pourtant bien près de lui. Trop bien pour que ça soit normal.

Mordant doucement sa lèvre, elle posa la pulpe de ses doigts sur son torse magnifique. Elle espérait qu’il dormait profondément et qu’il ne la surprendrait pas en pleine séance d’admiration. Remontant vers son cou, ses yeux se stoppèrent sur son visage. Visage fatigué mais pourtant apaisé. Des traces de ses pleurs avaient marquées sa peau attristant un peu plus Capucine. Elle avait menacé cet homme qui semblait finalement si fragile. Elle n’avait vu que son petit intérêt et son désir de vengeance sans même se soucier de ses possibles soucis. Après leur dispute, Capucine le comprenait un peu mieux même si elle se doutait qu’elle ne voyait qu’une seule petite partie de l’iceberg. Sa vie semblait compliquée et douloureuse alors qu’il ne méritait que le bonheur. Il était si souriant avec ses élèves, si attentif. Pourquoi lui avait-elle reproché d’être un pervers alors qu’il ne voulait qu’être un professeur le plus parfait possible ? Et il avait réussi parce que Capucine avait plus appris en sa compagnie que lors de tout son cursus. Il était talentueux et elle n’avait fait que le juger sans chercher plus loin. Elle s’en voulait terriblement à présent. « Je te demande pardon… Jules… » murmura-t-elle tendrement, presque trop. Doucement, elle se pencha et déposa ses lèvres contre celles encore chaudes de son amant du soir. Fatiguée, elle se colla contre lui et posa sa tête près de son épaule y déposant quelques baisers avant de fermer les yeux et s’endormir.

Son sommeil fut tourmenté. La peur de leur confrontation une fois le soleil levé la torturait jusque dans ses rêves. Elle y vit le pire scénario possible. Des cris, des insultes, des regrets. Tout ce qu’elle ne voulait pas. Se réveillant en sursaut, elle fut soulagée de se trouver dans la chambre d’hôtel. Rien de tout ça ne s’était passé et elle  put souffler puis s’étirer. « Jules ? » Plissant les yeux, la jeune femme se redressa correctement et parcourut la chambre s’arrêtant avec espoir sur la porte de la salle de bain. Elle était grande ouverte et personne ne s’y trouvait. Son cœur se mit à battre rapidement se demandant où était parti son professeur. Peut-être petit déjeuner, tout simplement. Ses affaires n’étaient plus sur le sol mais celles de Capucine s’y trouvaient à présent en compagnie de son sac. Il avait dû aller les récupérer maintenant que les gens étaient réveillés. Tendant le bras, elle attrapa son téléphone portable dans la poche de son sac. « MERDE ! » En apercevant l’heure sur l’écran et les appels de ses amis, elle se dépêcha de s’extirper du lit et enfila son jean et son débardeur. Ses cheveux emprisonnés dans un chignon, elle sortit rapidement de la chambre et courut dans les escaliers pour rejoindre les autres. Le départ était prévu dans quelques minutes et Jules n’avait pas eu la bonne idée de la prévenir. De quoi être de bonne humeur. Peut-être que son cauchemar allait se réaliser finalement. Avait-il eu envie de la laisser ici ? Dents serrées, elle se mit à côté de son amie qui la regardait un peu gênée. « Désolée pour hier… j’ai pas entendu quand tu as voulu rentrer… C’est le prof qui m’a dit qu’il t’avait trouvée dehors… » Ah ? Et lui avait-il raconté les autres détails ? « C’est pas grave va. J’me vengerai. » Elle tenta un sourire mais l’humeur n’y était pas. Instinctivement, elle chercha des yeux Jules. Son cœur loupa un battement en le voyant discuter avec une femme plutôt charmante. Il avait l’air normal. Tout à fait de bonne humeur mais à présent, Capucine se demandait si c’était bien réel. Il parvenait à cacher ses émotions si facilement que c’en était déroutant. Il paraissait tellement différent de l’homme fragile avec qui elle avait passé la nuit. « Hey, tu viens ? » Surprise, elle regarda sa copine qui l’attendait. Les autres étaient déjà partis vers le car qui les ramènerait en ville. Un long soupir s’échappa d’en ses lèvres et elle avança pour rejoindre le véhicule devant lequel se tenait Jules qui comptait ses élèves. Sac sur l’épaule, Capucine passa la dernière, rivant ses yeux dans les siens pour essayer de capter quelque chose, le moindre indice sur son impression  après la nuit. Seulement, elle ne put s’attarder longtemps, Jules la pressant pour entrer. Il ne restait qu’une place, près de celle où s’installa le professeur. Fronçant les sourcils, Capucine feinta d’être un peu agacée de ne pas se trouver près de son amie puis se posa à côté de son professeur. « J’espère que ça ne vous dérange pas que je passe le voyage avec vous. » Au fond, elle se fichait de savoir s’il était dérangé ou non, elle voulait juste paraitre normale aux yeux des autres. Seulement, en le regardant, elle comprit que lui n’était pas vraiment ravi de la trouver à ses côtés.

Don't come too close, it's dark inside

Lorsque le jour se leva, les rayons du soleil vinrent frapper directement le visage de Jules. Il fronça les sourcils et frotta son visage. La chaleur était délicieuse mais la fatigue était toujours présente dans son corps nu. Il n'avait pas assez dormi. Pourtant, il fallait se lever. Il regarda l'heure. Déjà 7h. Il se redressa lentement et sentît glisser de son torse le bras de Capucine. Il le regarda et le suivît des yeux jusqu'à son visage endormi. Elle était nue, elle aussi et il laissa son regard s'attarder sur ses courbes, celles qu'il avait découvert de ses mains cette nuit. Il déglutît et se leva rapidement avant de rejoindre la salle-de-bain. Une nouvelle douche s'imposait. Il s'habilla en vitesse après cette dernière, espérant ne pas avoir réveillé la jeune femme. Il ne voulait pas lui faire face. Pas tout de suite. Pas maintenant. C'était trop tôt. Il avait besoin de réfléchir, de se remettre. Il sortît avec son sac et se dirigea vers la salle à manger de l'hôtel. Tout le monde était déjà là. Il sourît à ses élèves, les saluant et abandonna son sac auprès de l'un d'eux, lui expliquant qu'il revenait. Il saisit un croissant au passage et monta à l'étage. L'heure du départ était proche. Il alla donc chercher la valise de Capucine dans la chambre devant laquelle il l'avait récupéré la veille. Il ne s'attarda qu'à peine pour expliquer à la demoiselle qui s'y trouvait ce qui était advenue de la brunette endormie dans son lit. Il alla déposer le bagage et resta un instant à l'observer, encore... Elle était superbe. Elle avait changé de position, signe qu'elle devait se réveiller doucement. Tant mieux. Il n'avait pas la foi d'aller la secouer. Il sortît à nouveau en catimini et retourna au self, récupéra sa valise et se servît un café avant de rejoindre le car qui devait les ramener à Eden Isle. Il salua le chauffeur qui les avait accompagné pendant le séjour, discutant avec ce dernier en sirotant son expresso avant que les premiers étudiants n'arrivent. Il les fît monter, les comptant au passage. Il aperçût Capucine débouler à la hâte mais ne s'attarda pas à la regarder. Il ne voulait pas que qui que ce soit puisse interpréter ses regards insistants. Il avait peur qu'on puisse deviner ce qu'ils avaient fait. Il refusait que qui que ce soit comprenne. Il s'auto-jugeait assez pour que quelqu'un d'autre s'en mêle. Lorsque la jeune femme passa devant lui, il la salua à peine. « Allez hop hop hop ! » l'encouragea-t-elle en croisant son regard quelques secondes à peine. Elle était la dernière à monter et le compte était bon. Il s'engouffra donc dans le car à son tour et observa les rangs pour vérifier que toutes les têtes connues étaient là. Au cas où.

Il s'avança et se glissa sur le siège qui se trouvait juste derrière le chauffeur. Il avait hâte de rentrer chez lui. Vraiment hâte. Il sursauta presque quand Capucine vînt se poser près de lui. Il déglutît à nouveau, lui souriant brièvement. Il ne restait qu'une seule place ? N'y avait-il pas d'autres moyens ? Est-ce qu'elle avait fait exprès ? Ou bien c'était juste la faute à pas de chance ? Il n'était pas ravi de cette situation. Loin de là. Il ne savait pas comment réagir, comment lui parler, comment la regarder. Il avait peur que chacun de ses gestes traduisent son adultère. Mais plus il s'en inquiétait et plus ça serait visible. Il fallait donc qu'il se calme. « J’espère que ça ne vous dérange pas que je passe le voyage avec vous. » lui adressa-t-elle. Elle le vouvoyait à nouveau alors ? Ca lui faisait bizarre, plus bizarre qu'il ne l'aurait pensé. Il lui sourît à nouveau. « Non, ça va. » lui répondît-il en haussant les épaules. Rien de bien engageant et il en eût un peu honte. Elle ne méritait pas qu'il la traite comme ça. Mais il était tellement perdu qu'il ne savait juste pas comment s'y prendre.

Le trajet commença. Une heure passa sans que Jules ne prononce mot, fixant plutôt l'extérieur pour ne pas avoir à lui faire face. Au fond... il avait juste peur de se confronter à elle. Il était lâche. Pourtant il ne cessait de penser à la nuit qu'ils venaient de partager. A toutes les sensations et le plaisir qu'elle lui avait offert, sans limite. Elle lui avait tout donné, et maintenant quoi ? Il l'ignorait presque. Elle méritait un peu plus d'égard. Il souffla doucement, pour lui-même avant de se tourner vers elle. Il l'observa un moment en frottant sa nuque, hésitant. Puis il se rapprocha, se penchant un peu. Parlant tout bas pour que personne n'entende sinon elle, il lui demanda « Tu as bien dormi ? » C'était sûrement la question la plus stupide qu'il pouvait lui poser. Mais ça évitait qu'ils n'en viennent tout de go au sujet tabou.

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« Allez hop hop hop ! » En passant devant lui, Capucine ne put se retenir de froncer les sourcils. « hop hop » ? C’était tout ce qu’il trouvait à lui dire ? Même pas un sourire particulier ou un petit clin d’œil ? Une fois montée, elle ne put s’empêcher de serrer les dents. Elle avait envie de lui hurler dessus mais la présence des autres ne l’aidait pas. Et après tout, qu’avait-il à se reprocher ? Il ne lui avait rien promis, ils n’étaient pas mariés et encore moins en couple. Elle s’était attendue à être ignorée mais le subir réellement était une autre affaire. Se retrouvant près de lui, elle y vit une occasion de discuter et de voir s’il n’agissait comme ça qu’à cause de la présence des autres ou s'il regrettait réellement leur nuit ensemble. « Non, ça va. » Sa voix sèche lui donna un début de réponse. « Super » lança-t-elle sur le même ton. Elle était terriblement déçue. Il n’avait aucune raison de lui parler ainsi s’il ne regrettait rien.

Son énervement ne cesse d’augmenter alors qu’assis près d’elle, son professeur ne lui décrochait plus aucun mot. Tourné vers la fenêtre, il semblait observer le paysage tranquillement. Pour les gens extérieurs, rien de bien surprenant, pour elle, c’était un crève-cœur. Il l’ignorait volontairement et Capucine eut un mal fou à encaisser. Des phrases accusatrices et pleines de reproches tournaient dans sa tête et si elle ne se contrôlait pas plus, elle finirait par lui cracher à la figure toute la haine qu’elle commençait à accumuler. Pourtant, la jeune femme ne voulait pas se disputer avec lui, ils l’avaient trop fait et ça faisait terriblement mal. Une autre envie se faufila en elle alors que ses yeux se glissèrent sur ses cuisses. Les fixant, elle s’imagina y poser sa main et l’y caresser doucement, à l’abri des regards. Cependant, elle ne fit rien. Il n’en avait aucune envie, elle le sentait.

Après plus d’une heure, Capucine le sentit s’approcher et c’est avec difficulté qu’elle retint un sourire. Peut-être ne regrettait-il pas au fond ? Son cœur se mit à battre avec l’espoir qu’il n’avait agi ainsi que pour les protéger. « Tu as bien dormi ? » Lèvres pincées, elle finit par se tourner un peu vers lui, leurs visages se retrouvant réellement proches. Connectant leurs yeux, Capucine sourit faiblement et chuchota « parfaitement… et… vous ? » ajouta-t-elle malicieusement en lui adressant un petit clin d’œil. Elle se sentait faible. Enervée quelques instants plus tôt, elle se retrouvait à sourire comme une gamine. Elle eut envie de se frapper mais impossible de faire disparaitre ce sourire de ses lèvres en repensant à leur nuit parfaite. Elle avait pourtant mal débuté mais ça avait ajouté une tension entre eux, elle ne regrettait pas cette dispute. Même si elle avait découvert son professeur sous un jour qu’elle ne soupçonnait pas, un jour sombre et triste qui lui faisait mal au cœur. « C’était pas gentil de me laisser toute seule ce matin… »   Sa voix se fit si basse qu’elle se demanda s’il avait compris mais elle ne voulait prendre aucun risque. Il ne fallait pas qu’on les démasque.

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La lumière dans le bus était faible mais quelques éclaircis passaient sur le visage de la jeune femme face à Jules. Et il la trouvait belle. Bien plus belle encore que les autres jours. Bien sûr, il avait toujours remarqué qu'elle était une jolie jeune femme. Pourtant, il n'avait jamais pris conscience, pendant ses cours, d'à quel point elle était séduisante et d'à quel point elle était susceptible de lui plaire. Il adorait le mouvement de ses cheveux sur ses épaules et autour de ton visage rond. Ils frôlaient ses joues, délicats et brillants dans la lumière, presque dorés avant de devenir sombre mais toujours d'aspect soyeux. Il savait maintenant qu'ils n'avaient pas que l'aspect, mais aussi le touché. Il avait adoré les toucher même s'il avait préféré poser les mains sur sa peau. Lorsqu'elle se tourna dans sa direction, il retînt sa respiration alors qu'elle était proche. Si proche de lui qu'il sentait son souffle contre son menton. S'il s'était penché un peu plus, il aurait pu l'embrasser. Mais il ne pouvait pas. Il n'avait pas le droit. Bien qu'il en avait l'envie... Envie plus que de raison. Il laissa ses yeux glisser sur ses lèvres alors qu'elle répondait « parfaitement… et… vous ? » sur le même ton que lui. Il sourît doucement et répondît à l'affirmative d'un hochement de tête avant de replonger ses yeux dans son regard chocolat. Il aurait voulu s'y noyer, rester là des heures durant mais... « C’était pas gentil de me laisser toute seule ce matin… » continua-t-elle, le coupant dans ses pensées et les fantasmes qui l'avaient déjà habité mais qui lui revenaient en tête sournoisement. Elle parlait si bas qu'il dût se concentrer pour l'entendre distinctement, se penchant plus encore, leur visage se touchant presque. Il esquissa un sourire et se redressa un peu, se réinstallant dans son siège aussi bien que possible, sa première main se perdant dans sa chevelure ébouriffée et dense, l'autre frôlant celle de Capucine par inadvertance. Il souffla, la respiration hasardeuse pour se calmer alors que ce simple contact le rendait fou. « Je suis désolé... » chuchota-t-il sans la regarder et il récupéra ses deux mains, les croisant sur ses cuisses comme un petit écolier pris en faute. Il se mordilla la lèvre en regardant à nouveau par la fenêtre. Pourquoi et comment arrivait-elle à le troubler à ce point ? C'était juste... très déstabilisant. Il avait déjà été troublé par une femme. Mais tout était différent à l'instant. Le goût de l'interdit devait en ajouter au charme de la jeune femme. Ou peut-être la différence d'âge... Il n'en savait rien.

Il ferma les yeux un instant avant de se tourner à nouveau vers elle. Un virage du bus les colla l'un à l'autre et il paniqua presque, se décollant de la jeune femme à la hâte. « Capucine il... il faut... » Il souffla et frotta son front, jetant un coup d'oeil aux environs. Rassuré alors que personne ne les regardait il se rapprocha et chuchota à son oreille. « J'aimerais... » qu'on soit encore à l'hôtel, te pousser au fond de ton siège et t'embrasser comme un fou, t'arracher tes vêtements, recommencer comme cette nuit... « On ne peut pas... recommencer. » Il se réinstalla et évita son regard, fixant à présent devant lui la nuque humide de sueur du chauffeur. Il grimaça un peu dégoûté. Par cette vue et par lui-même.

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La jeune femme ne pouvait pas accepter qu’il l’ignore, pas après leur moment intime si intense. Seulement, elle savait aussi qu’il n’allait pas l’embrasser ou faire des allusions sur leur nuit devant les autres élèves. Mais un petit sourire ou un clin d’œil aurait réussi à la rassurer. Assise à côté de lui, Capucine se sentait juste oppressée par le lourd silence entre eux. Les élèves eux discutaient et se remémoraient joyeusement cette sortie. Que devait-elle faire ? Attendre un geste de sa part ou se lancer ? Elle ne voulait pas tout gâcher en faisant le mauvais choix, elle l’avait trop fait. Finalement, Jules fit le premier pas à sa place la surprenant totalement. Le sentir s’approcher lui avait réchauffé le cœur alors que l’espoir l’envahissait à nouveau. Soudainement, le brouhaha provoqué par les autres élèves s’était évaporé. Il n’y avait plus qu’eux deux pour son plus grand plaisir. La jeune femme avait envie de l’embrasser. Ses lèvres si proches l’appelaient et y résister fut digne d’un grand combat. Le ressentait-il lui aussi ? Ce besoin de recommencer ? Cette envie de succomber ? Elle ne pouvait croire qu’il ne le voulait pas. Son corps parlait pour lui. « Je suis désolé... » Le contact avait été bref. Sa main avec juste frôlé celle de la jeune femme. Etait-ce pour ça qu’il formulait des excuses ou pour tout le reste ? Capucine ne sut pas comment l’interpréter mais ce ton et cette attitude ne lui plaisait pas. Son  amant de la nuit était perdu, elle le sentait mais il semblait s’en vouloir terriblement.

Avant qu’elle n’ait eu le temps de lui demander pourquoi il paraissait si préoccupé, un virage un peu trop sec les aida à se rapprocher. L’avoir contre elle à nouveau lui plut et si elle en avait eu la possibilité elle l’aurait serré contre elle, fortement. Seulement, la réaction de son professeur lui fit mal. Il se dégagea rapidement, beaucoup trop, comme s’il venait de se bruler. « Capucine il... il faut... » Sourcils froncés, la jeune femme le fixait attendant impatiemment la suite de sa phrase. Elle allait être négative. Elle le savait, elle le sentait. « J'aimerais... » Avait-il besoin d’aide pour parler ? Capucine retint une réflexion, si elle le poussait, il se braquerait certainement et la situation serait encore pire. « On ne peut pas... recommencer. » Préparée à cette éventualité, elle ne broncha pas. Pourtant, l’envie d’hurler et de pleurer la dévora immédiatement. L’attitude de son professeur  la rassura pourtant. En effet, il n’était pas froid ni méchant, il semblait juste perdu, ne sachant pas quoi faire même s’il affirmait ne pas pouvoir recommencer. « On ne peut pas… Je sais. On ne pouvait pas non plus cette nuit… Mais on l’a fait », chuchota-t-elle en le fixant. « Regarde-moi. Regarde-moi et dis-moi que tu ne veux pas… » Tout en parlant, la jeune femme glissa sa main sur le genou de Jules et le caressa doucement. Il lui avait trop donné pour tout lui reprendre. Capucine n’était pas prête à le laisser s’en aller. « Dis-moi que tu regrettes et que tu n’as pas envie de refaire l’amour avec moi… » Sa voix se fit basse, beaucoup trop pour que les autres les entendent mais ses paroles lui firent l’effet d’une bombe. Mettre des mots sur ce qu’ils venaient de faire rendait leur acte encore plus réel et l’encrait, malheureusement, un peu plus en elle. En eux ?

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Il se détestait. Il se détestait littéralement de faire endurer ça à le jeune femme. Il avait toujours détesté les hommes infidèles. Il n'avait aucun respect pour ces gens là qui eux-même ne respectaient pas la moitié qu'ils avaient la chance d'avoir. Et aujourd'hui il se retrouvait dans le lot. Et il haïssait ça. Il avait trompé sa femme. Sa femme qu'il aimait tendrement, désespérément. Comment avait-il pu ? S'il avait eu sa propre personne en face il se serait frappé sans attendre. Pour le moment, il se contentait de se maudire intérieurement tout en disant à Capucine qu'ils ne pouvaient pas répéter ce qu'ils avaient fait pendant la nuit. Il n'en avait pas le droit. « On ne peut pas… Je sais. On ne pouvait pas non plus cette nuit… Mais on l’a fait » l'entendît-il dire tout bas et il déglutît doucement, levant les yeux au ciel. Elle avait raison. Déjà cette nuit il n'aurait pas dû le faire. Mais bon sang... bon sang ça avait été si... il n'aurait pas pu résister. « Regarde-moi. Regarde-moi et dis-moi que tu ne veux pas… » Il ferma les yeux et souffla doucement. Il retînt un sursaut quand la jeune femme passa sa main sur son genoux. « Capucine... non.. » Ses mains... il les avait tellement apprécié cette nuit. Elle avait les mains douces... brûlantes... Il se tourna finalement vers elle plongeant ses yeux dans les siens. « Dis-moi que tu regrettes et que tu n’as pas envie de refaire l’amour avec moi… » Entendre ces mots dit à voix haute, même si tellement bas que personne à part Jules ne pût entendre, ça ne faisait qu'intensifier la réalité de l'acte en lui-même. Faire l'amour... ils avaient fait l'amour oui. Il en garderait toujours le souvenir en mémoire tant ça avait été, sur le moment, une évidence. Il la regarda longuement, appréciant les caresses sur son articulation. Puis lentement il vînt poser sa main sur la sienne, mâchoire crispée. Il la retira lentement et la posa sur la cuisse de la jeune femme. Il serra un instant ses doigts. Il aurait voulu se jeter sur ses lèvres et la caresser. Là. Tout de suite. Mais il ne pouvait pas le faire. Il ne pouvait surtout pas l'avouer. Ou elle se ferait des films, elle aurait peut-être envie de plus... peut-être même qu'elle exigerait qu'ils recommencent. Et ça.. ça il ne pouvait se le permettre. « Je regrette. Et je n'ai pas envie... de refaire l'amour avec toi. » souffla-t-il avant de retirer sa main et de se tourner à nouveau vers la fenêtre. Et il se haïssait alors encore plus.

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La situation était trop compliquée. Capucine savait que ce qu’ils faisaient était mal. Il était marié, il aimait sa femme – il avait été clair – et il était son professeur. Tout ça cumulé ne les aidait pas. Seulement cette addition avait aussi l’avantage de créer une tension particulière, une passion destructrice qui la dévorait. Se retrouver à quelques centimètres de lui n’apaisait en rien l’envie qu’elle avait de l’embrasser, de passer ses mains sur son corps et de sentir les siennes la posséder. Sa peau avait sûrement les marques de ses griffures et ça lui plaisait. Peut-être que son corps à lui était dans le même état. Il ne faudrait pas que sa femme le remarque. Ou peut-être que si… A cette pensée, Capucine grimaça. Non, elle ne voulait pas qu’il soit malheureux. Il tenait terriblement à sa femme mais l’idée qu’elle ne puisse plus rien avoir ne lui plaisait pas non plus. Le rôle de maitresse était-il le mieux ? La jeune femme n’en avait aucune idée. Certes, ce n’était pas valorisant mais elle n’avait aucune envie de renoncer à lui.

Sa main logée contre son genou, la jeune femme le caressa tendrement. Elle avait envie de tellement plus. Personne n’aurait pu le remarquer. Sa main pourrait se faufiler dans son pantalon et lui faire du bien sans attirer l’attention. Pourtant, elle ne fit rien. Le visage de son professeur trahissait ses pensées et le voir lui fit mal au cœur. « Capucine... non.. » « Si… » chuchota-t-elle tout près de sa bouche. Elle se retenait de combler l’espace qui les séparait. C’était tellement difficile. Sentant sa main tout contre la sienne, Capucine baissa les yeux et sourit faiblement. Elle adorait ce qu’elle voyait. Leurs mains liées. Seulement, ce qui suivit ne lui plut pas du tout. Jules enleva doucement sa main pour la reposer sur sa propre jambe. La jeune femme ne broncha pas. Ce n’était pas le lieu pour ça. « Je regrette. Et je n'ai pas envie... de refaire l'amour avec toi. » Ses mots eurent l’effet d’un poignard en elle. Ce n’était pas du tout ce qu’elle avait espéré. Elle n’était pas assez stupide pour croire qu’il aurait pu lui dire « oh oui mon amour je ne peux plus me passer de toi » mais ce refus était beaucoup trop douloureux. « Quoi.. ? Tu mens… » Au fond, elle n’en savait rien. Elle espérait réellement qu’il mente mais l’envie de préserver son couple était peut-être plus puissante que celle d’avoir Capucine dans son lit. « Alors quoi… J’étais juste… là pour te soulager ? » Sa voix était faible, toujours, malgré son envie de hurler. Malgré son envie de pleurer.

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Il était cruel. Sa réponse avait sonné comme un coup de couteau, il en avait tout à fait conscience. Au fond, c'était ce qu'il voulait, pour qu'elle ne s'attache pas à lui. Il ne fallait pas qu'elle espère plus. Il ne fallait pas qu'elle lui court après. Ils avaient fait une erreur. Surtout lui. Et maintenant il devait faire en sorte que ça n'arrive plus jamais. Alors autant la persuader, elle que rien n'était possible après ça. Rien de plus. Pas de relation. Pas d'amour secret. Non. C'était terminé. Point.

Lorsqu'il avait dit qu'il ne voulait plus d'elle, qu'il regrettait, il avait eu l'impression de regarder quelqu'un le dire. Que ça n'était pas lui. Parce que ses pensées étaient très différentes. Il la voulait, là, maintenant, tout de suite. Il voulait dévorer ses lèvres. Mais il n'en avait pas le droit. Et il n'y avait plus l'intimité de cette chambre d'hôtel. Il n'y avait plus cette tension palpable entre eux, démesurée. Ils étaient dans un bus bondé d'étudiant, en plein jour, aux yeux de tous. Et il fallait de toutes manières que tout ça est un terme. C'était fini. « Quoi.. ? Tu mens… » Elle avait raison mais il la regarda dans les yeux, l'air convaincant et convaincu. « Non, je ne mens pas. C'était une erreur. » ajouta-t-il avec sérieux, les sourcils légèrement froncés. Il était acteur, il s'en servait ici. A bon escient, il espérait. « Alors quoi… J’étais juste… là pour te soulager ? » Les mots de Capucine étaient violents. Tout comme ceux que Jules lui avait balancer après tout. Mais la vérité le frappa en pleine face. Il n'était qu'un enfoiré. Un salaud. Il ne pouvait avoir une autre image que celle-là. Il s'était servi d'elle pour libérer ses pulsions sexuelles. Et maintenant il la jetait comme une mal propre. Il ouvrît la bouche. Il ne savait pas quoi dire au fond. Elle avait raison. Pourtant il ne détourna pas les yeux. Il la fixa, longuement. Il aurait voulu lui assurer que ça n'était pas comme ça qu'il la voyait. Qu'il avait adoré cette nuit, leur échange de soupirs et de caresses. Il aurait voulu lui dire que s'il n'y avait pas eu sa femme, il n'aurait pas hésité à réitérer l'expérience. Mais là... là il ne pouvait pas. Il ne pouvait juste pas. « Je suis désolé... » souffla-t-il encore une fois. Il avait envie de pleurer. Sa femme. Sa femme adorée. Il l'avait trompé. Il ne savait plus ce qui était pire. Le fait qu'il soit un mari infidèle ou un salaud se servant d'une de ses étudiantes pour se vider les couilles. Il se haïssait tellement. Tellement. Il pinça les lèvres et détourna les yeux, collant son front à la vitre et retenant comme il pouvait ses larmes. Non. Il ne pouvait pas craquer. Pas encore. Pas à nouveau devant elle. C'était ça qui avait tout déclenché. Il fallait qu'il se contrôle bordel !