Sujet: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Sam 23 Fév - 0:39
Est-ce réellement le jeu d'acteur ou y a-t-il autre chose dans vos yeux, monsieur le professeur ?
Avec hâte, Capucine court dans les couloirs de l’école pour arriver en classe. Elle n’a pas vu l’heure et a perdu du temps en buvant son café du matin avec une amie. Ses talons ne l’empêchent pas de se hâter vers sa salle de classe. Théâtre. Matière qu’elle affectionne plus que toutes les autres dans son cursus. Les cheveux en pagaille, elle s’installe enfin près de ses camarades, prête pour une nouvelle semaine de cours. « Je vous prie de m’excuser… »Le professeur Mcartie a laissé entendre qu’ils allaient faire de nouvelles choses, peut-être encore plus poussées et ça lui plait. Aller crescendo et apprendre des choses, il est vraiment bon professeur mais quelque chose en lui dérange Capucine. Pourquoi, elle n’en sait rien. Peut-être est-ce dû à son regard trop intense, ses gestes trop expressifs ou cette douceur dans ses paroles. Il n’est pas méchant, au contraire, mais la brune ne se sent pas tout le temps à l’aise en sa présence. Après en avoir fait part à ses amis, le verdict est tombé, la jeune femme se fait des films d’après eux. Il est juste adorable avec eux. Certes. Mais Capucine n’a pas changé d’avis.
Motivée, elle écoute attentivement ce que leur professeur explique et ne peut que sourire en comprenant l’enjeu de la scène. De l’amour mais surtout de l’émotion. Elle en a déjà joué, ses camarades aussi mais les choses se compliquent à mesure que les années d’études passent et aujourd’hui, elle a envie de se dépasser et de rester une des meilleures élèves. Patiemment, elle écoute ce professeur qu’elle trouve passionnant et bizarre à la fois. Peut-être ne devrait-elle pas le juger si vite mais c’est plus fort qu’elle. Des duos. Souriant à son partenaire de jeu, Capucine s’installe près de lui et récupère la scène que leur tend le professeur. Une lecture rapide, le sourire aux lèvres, la brune s’imprègne du texte. Elle aime ce genre de défi. Face à elle, son partenaire ne semble pas si confiant. Il panique déjà, mais ça, il ne le montre pas. Il sourit à Capucine alors qu’elle commence à mémoriser le texte. Elle n’aime pas arriver sur scène et lire son texte même pour un premier jet. La jeune femme veut la perfection. Ils ont évidemment du temps pour se préparer, pour s’imprégner de ce qu’ils doivent jouer et, après une bonne heure, les duos passent successivement devant les autres. Regarder les autres est un plaisir, elle tente de prendre en compte les remarques du professeur pour faire mieux encore que tout le monde. La brune n’est pas hautaine, ne veut pas écraser les autres pour réussir, c’est juste une battante.
Lorsqu’arrive son tour, c’est presque en courant qu’elle se positionne sur la scène. A chaque fois, elle se dépêche pour pouvoir faire ce qu’elle aime : jouer. Son texte à la main, elle ne le regardera pas ou très peu. Sa mémoire plutôt exceptionnelle lui permet d’apprendre les lignes rapidement mais aussi de les oublier ensuite pour mieux se concentrer sur d’autres textes. Face à son partenaire, elle sourit avant de prendre un air plus grave et commencer à jouer. Elle veut que les gens ressentent la tristesse de son personnage que l’être aimé va quitter pour partir à l’autre bout de la planète. Déclaration d’amour intense, larmes et baiser langoureux. Rien ne lui fait peur. « Je ne sais pas si je pourrais me passer de toi… Pas si longtemps… » La main de Capucine effleure la joue de Thomas. Elle joue la scène au mieux, espérant épater ses amis et son professeur. Doucement, ses doigts glissent dans le cou de son partenaire alors que les mots tendre et désespérés s'échappent de sa bouche.
Dans ses yeux, son partenaire peut voir de l’attachement, il pourrait même penser à de l’amour. Malheureusement, Capucine ne fait que jouer et il le sait. Malheureusement, Capucine ne le voit que comme un ami et ça le bloque. Il sait que ce n’est en rien professionnel et tente de se concentrer, mais rien n’y fait. Il n’y arrivera pas. Il ne peut pas lui dire ce genre de chose. Pas à elle. Il aurait pu le faire avec les autres filles mais pas Capucine. Depuis la première année, il a le béguin pour elle. Ils ont même sauté le pas, à une soirée, mais rien de plus. Une histoire sans lendemain que Capucine semble bien prendre. Pour lui c’est plus compliqué. Il n’est pas amoureux, du moins, il ne veut pas l’être mais jouer ce genre de chose avec elle le paralyse totalement.
« Thomas ? » Agacée, Capucine appelle son partenaire qui semble complètement perdu. « Allo ?! Redescends sur Terre, on joue. » La belle ne se doute pas vraiment de ce que peut ressentir son partenaire. Ils n’ont jamais reparlé de leur nuit en première année. C’est loin pour elle, elle aurait presque oublié. Non pas que ça n’ait pas été plaisant mais ils avaient mis les choses au clair et tout semblait être réglé. Peut-être aurait-il dû parler et confier ce qu’il avait sur le cœur. Aujourd’hui les deux se regardent, l’un essayant de garder son calme et l’autre, totalement absent. « Désolé, je n’y arrive pas. Vraiment pas. Cette scène… elle ne m’inspire pas. » Blasée, Capucine le regarde et soupire. Cette scène, à ses yeux, est magnifique et vraiment poignante. Elle crève d’envie de la jouer correctement. « Je pense que tu n’as pas le choix alors réessaie, ce n’est pas la mer à boire. A moins que ça te pose un problème de me serrer contre toi et de m’embrasser. » Elle aurait pu ajouter que pourtant ça n’était pas la première fois mais elle se retient. Ils ne sont plus des gamins. Elle aimerait que son ami fasse preuve de professionnalisme et qu’il se force. « On reprend. » Malgré toute leur bonne volonté, la scène est un désastre. Capucine qui tente d’y mettre toute son énergie ne relève pas le niveau de son partenaire qui semble plus raide qu’un bout de bois. Finalement, elle se retourne vers son professeur et le regarde, presque désespérée. « On continue ou on abandonne ? Parce que j’vois pas comment ça peut s’améliorer, là… » Elle est vraiment déçue de son ami. Ils ont quand même fait du chemin depuis leurs premiers cours. Ils ont déjà joué des scènes d’amour, certes pas ensemble, mais ils connaissent quelques trucs. Pourquoi un tel blocage ? Ils doivent élever le niveau par rapport à tout ce qu’ils ont pu faire avant mais aujourd’hui Thomas n’est pas meilleur qu’à ses débuts, il est même pire. Et Capucine, qui crève de jouer cette scène à la perfection lui en veut. Vraiment.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Sam 23 Fév - 16:53
Laisse moi donner l'exemple et t'apprendre comment jouer, jouer les sentiments.
Un café, rien de meilleur pour se réveiller avant une journée de cours. La nuit a été courte. Sa femme a fait des cauchemars et dans ces circonstances, il ne peut juste pas fermer l'oeil, se sentant dans l'obligation de surveiller le sommeil de sa compagne plutôt que de profiter du sien, bien mérité pourtant. Mais il s'en fiche. Elle compte trop à ses yeux et il pense à elle, avant de penser à lui. Choses difficile puisque l'homme est toujours un minimum égoïste et a des besoins, des envies qu'il se doit de satisfaire. Jules a pourtant tendance à remettre à plus tard sa satisfaction personnelle. Toujours est-il qu'il ne tient pas à ressembler à un zombie avec sa classe. Aussi déguste-t-il son café noir, déjà installé dans sa salle, assis sur le bord de l'estrade. Ca aide, un peu. Il semble enfin émergé de sa torpeur et lorsqu'il se lève enfin pour aller leurs ouvrir, il a son habituel sourire rayonnant, pour les mettre à l'aise et leurs montrer qu'il est heureux de travailler avec eux aujourd'hui encore. « Vous allez bien tous ? » leurs demande-t-il, espérant une réponse positive évidemment. Il compte les élèves et remarque qu'il manque Capucine. Certainement est-elle en retard. Tant pis, ils commenceront sans elle.
Ils débutent les échauffements qui consistent en la détente totale de leurs muscles, pour libérer leurs esprits et les ouvrir à la spontanéité, capacité qu'il sollicite énormément dans ses heures de cours. Et lorsqu'ils terminent enfin et qu'il éteint la musique apaisante en fond sonore, la jeune fille fait irruption et vient se poser près de ses camarades en s'excusant. Il lui adresse un sourire rassurant. « Pas de soucis Capucine. Bon ! » lance-t-il en tapant dans ses mains avant de proposer le programme du jour. Durant une heure ils vont préparer une scène. Le thème principal est l'amour. Mais certains devront jouer une scène de ménage, d'autres une rupture, d'autre encore une déclaration et pour certains d'entre eux, dont Capucine et Thomas, une scène de séparation. Il s'agit là d'un texte imposée mais la place à l'improvisation est énorme. Il aime les mettre en confiance en leurs donnant plus de liberté de jeu. Passant de duo en duo il se permet quelques conseils avant de monter sur l'estrade. « Fin des préparations. » annonce-t-il avec un sourire chaleureux. « Maintenant, chacun votre tour vous allez monter à ma place et nous montrer ce que vous venez de travailler. Et surtout n'oubliez pas.. il s'agit d'amour. Parfois même dans une rupture il en reste. Il en reste même souvent. On ne se quitte pas seulement parce que les sentiments ne sont plus là. Mais je vous fais confiance. » Son regard passe, protecteur sur l'ensemble de ses étudiants. Et il cède sa position au premier couple, les regardant avec attention. Il se permet de les interrompre, de leurs donner quelques conseils afin de les diriger. Il est fier de cette promotion. Ces troisièmes années sont vraiment excellents et il est heureux d'avoir contribué à cet accomplissement. De vrais futurs comédiens, même pour ceux dont les aspirations sont plus dans la danse ou l'art pictural. Chacun d'entre eux montrent un réel engagement dans toutes les matières de leurs cursus. Le tour de la brune, mademoiselle Dauvilliers et son partenaire arrive rapidement. Croisant les doigts, il pose son menton sur ses mains liées, accoudé à ses propres jambes et demande le silence aux autres. Lorsqu'ils se lancent, Jules est ravi. Réellement enchanté de voir l'enthousiasme et la passion que met la jeune Capucine dans son interprétation. Elle a su trouver le ton et la manière de faire pour que ce qu'elle dise soit tout à fait réaliste. En revanche son camarade ne semble pas plus inspiré que ça. Il les laisse tout de même continuer, les observant se quereller un peu pour le manque d'investissement du garçon. Finalement il se lève et s'avance vers eux. « Thomas... » Il a senti son malaise. Quelque chose le bloque et il pense sincèrement que c'est d'être face à Capucine. Il peut comprendre, la demoiselle est charmante et jouer une scène d'amour peut être compliqué lorsque l'acteur en face de soit nous plait. Mais il devrait faire abstraction. Il devrait vraiment. Cependant, pour ne pas le couvrir de ridicule et le mettre en émoi, il lui demande se pousser légèrement. « Ceci s'applique à tout le monde. Mais lorsqu'on aime quelqu'un, on a envie, besoin de contact physique non ? Parce que dans l'amour il y a aussi l'attirance. L'attirance physique. La sexualité. Ne l'oubliez pas. » et il s'approche de la jeune fille en lui souriant doucement. « Donc n'hésitez pas à être proches. Vraiment proches. Je ne demande à personne de tripoter son partenaire... Il s'agit de théâtre pas d'un film porno. » Il sourit alors que ses élèves rient de bon cœur et s'adresse finalement à Thomas. « J'aimerais que tu fasses comme ça... que tu touches sa joue. » et il vient doucement caresser de ses doigts le visage de la jeune femme. « J'aimerais que tu la regardes dans les yeux. On s'en fiche que tu ne le penses pas ou que tu le penses. Il faut que le public y croit. » Et il plante son regard dans celui de la demoiselle, se rapprochant encore. Le rôle l'envahit alors, comme toujours. Il se laisse aller à son jeu et commence à prononcer le texte.
« Je te le demande pourtant... je te demande de m'attendre. » lui adresse-t-il, le ton amoureux en prenant doucement son visage dans ses mains. « Il me faut partir mon amour... Il me faut te quitter. » Et lentement il se penche, posant son front contre le sien, fermant les yeux. « Je t'en prie. Je t'en prie mon cœur, ma douce... si tu dois en aimer un autre pendant mon absence, aime le moins que moi. D'accord ? » On jurerait qu'il y croit. On jurerait qu'il le pense et qu'il est en train de supplier Capucine de l'aimer. On jurerait qu'il n'aime qu'elle et personne d'autre. On jugerait qu'il n'est pas lui, avec sa vie, son passé. Non, il est une autre personne à l'instant même. Il se met finalement à genoux et colle son visage à son ventre, la tenant fermement contre lui. « Je t'en prie... Oh je t'en prie, aime moi toujours. Aime moi et jamais... ne me remplace. » Il reste un instant collée à elle, faisant mine de respirer son odeur avec tout l'amour qu'il pourrait ressentir, désireux de s'imprégner de son parfum unique...
avant de se décoller d'elle avec un sourire et de se redresser. « Voilà, un peu comme ça. » plaisante-t-il, en se tournant vers la classe qui l'applaudit un peu. C'est la coutume dans ce cours. On applaudit la performance de l'autre. Bonne ou mauvaise.
Il se retourne finalement vers Thomas et lui sourit. « Est-ce que tu t'en sens capable ? » Il se tourne ensuite vers Capucine et pose une main sur son épaule. « Tu lui redonnes une chance ou on rejoue la scène tout les deux, pour lui montrer encore ? » Son sourire est engageant, paternel. Il veut être sûr que chacun a compris.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Dim 24 Fév - 0:19
est-ce réellement le jeu d'acteur ou y a-t-il autre chose dans vos yeux, monsieur le professeur ?
Ce cours aurait dû être un plaisir. Voir ses amis passer avant elle et jouer leurs scènes l’a encore plus motivée. Ils sont bons, mais elle veut être meilleure. Capucine veut être major de promo, encore. Voir la fierté dans les yeux de ses parents, de ses amis et de son professeur. Son tour, elle l’attend avec impatience. Le texte lui plait, l’intensité des paroles, des gestes. Sans en perdre une miette, elle écoute les conseils que donne le professeur Mcartie à ses camarades. Tout est bon à prendre et elle veut appliquer tout ce qu’il dit au mieux. Son texte dans les mains, elle finit par se lever et accompagne Thomas sur la petite scène. Un dernier coup d’œil au texte puis elle le baisse, certaine de pouvoir réussir sans. Une heure pour apprendre quelques lignes, c’est amplement suffisant pour la belle. Elle est totalement dans son texte, comme imprégnée. Face à Thomas, elle donne tout ce qu’elle a, tentant de jouer au mieux en ajoutant des gestes. Elle a souvent peur d’en faire trop ou pas assez. Et, en voyant son partenaire aussi peu réaction, Capucine commence même à se demander si elle n’est pas complètement nulle ou démotivante. Son ami semble presque blasé en jouant. Il n’y met aucune volonté et Capucine n’en est que plus agacée. Après deux tentatives infructueuses, la brunette se retourne vers son professeur espérant qu’il vienne secouer son camarade. Elle est déçue. Vraiment. Elle aime beaucoup Thomas mais elle ne le pensait pas si inintéressé. « Ceci s'applique à tout le monde. Mais lorsqu'on aime quelqu'un, on a envie, besoin de contact physique non ? Parce que dans l'amour il y a aussi l'attirance. L'attirance physique. La sexualité. Ne l'oubliez pas. » Attentive, elle écoute les mot de Monsieur Mcartie. Troublée, elle le laisse approcher pourtant ses paroles ne la rassurent en rien. Pourtant, elle ne reste impassible. « Donc n'hésitez pas à être proches. Vraiment proches. Je ne demande à personne de tripoter son partenaire... Il s'agit de théâtre pas d'un film porno. » Pourquoi est-elle la seule à ne pas rire ? Capucine tente un sourire mais l’envie n’y est pas. Cet homme la met mal à l’aise. « J'aimerais que tu fasses comme ça... que tu touches sa joue. » Surprise, elle le laisse faire. Ne pas réagir devant tous les autres. Il joue. « J'aimerais que tu la regardes dans les yeux. On s'en fiche que tu ne le penses pas ou que tu le penses. Il faut que le public y croit. » Son regard bleu la transperce désagréablement. Ce n’est qu’une scène. Ce n’est qu’une scène Capu, c’est pour le cours. Ce n’est qu’une scène…
« Je te le demande pourtant... je te demande de m'attendre. » Elle frissonne, malgré elle. Un contact qu’elle n’apprécie pas. Loin de là. Il la trouble. Il la perturbe. Il est beau, certes, mais tellement bizarre. « Il me faut partir mon amour... Il me faut te quitter. » Tellement crédible. Le contact de leur peau la ferait presque chanceler. L’envie d’arrêter tout la prend mais elle la réprime de toutes ses forces. Elle doit rester professionnelle. A tout prix. Elle qui critiquait Thomas auparavant ne devait pas se faire avoir. Doucement, sa main remonta contre la joue de son professeur pour frôler sa peau. Ses doigts tremblent un peu mais elle tente de les contrôler. Ne rien montrer. « J’ai mal de te laisser partir… » murmure-t-elle, la voix remplie d’une tendresse infinie. « Je t'en prie. Je t'en prie mon cœur, ma douce... si tu dois en aimer un autre pendant mon absence, aime le moins que moi. D'accord ? » Pourquoi fait-il ça ? Pourquoi la touche-t-il de la sorte. Pourquoi est-il si convainquant ? Talentueux, sûrement, mais Capucine à l’impression de sentir quelque chose d’autre. Quelque chose de plus intense, de plus poignant. Son esprit s’échappe. Elle pourrait jurer qu’il n’est pas en train de jouer, qu’il tente de lui faire passer un message. Pourquoi n’a-t-il rien fait de si fort avec ses autres camarades ? Surprise de nouveau, elle le laisse se blottir contre elle. Son visage contre son ventre, Capucine a envie de partir en courant. C’est tellement déroutant. Tellement déstabilisant. Pourtant, ses mains se posent contre sa tête, une se glisse dans ses cheveux et l’autre contre sa nuque. Elle espère qu’il ne remarquera pas son trouble alors que ses doigts tremblent toujours contre sa peau. « Je t'en prie... Oh je t'en prie, aime moi toujours. Aime moi et jamais... ne me remplace. » Capucine déglutit. Son malaise est présent et elle est presque certaine que ses camarades l’ont ressenti. Elle se hait parce qu’elle aurait voulu réussir à ne rien montrer mais c’est trop dur. « Je… te le jure mon amour… Je ne pourrais… jamais aimer quelqu’un d’autre aussi fort que toi… » Son trouble l’aide finalement à mettre un peu plus d’intensité dans ses paroles. Sa voix est faible, trébuchante et sûrement très touchante. Seulement, elle ne le fait pas réellement exprès.
« Voilà, un peu comme ça. » Ils l’applaudissent tout alors que Capucine reste plantée sur l’estrade. Elle ressent encore le contact de son professeur contre son ventre et ça l’insupporte presque. Elle n’entend plus ce qu’ils disent jusqu’à ce que la main de monsieur Mcartie la sorte violemment de sa torpeur. Un sursaut incontrôlé qui ne l’aide pas à cacher son trouble. Mais qu’ils se détrompent, elle n’est pas sous le charme. Capucine est complètement retournée. Il n’aurait jamais dû faire ça. Pourtant ne sont-ils pas dans un cours de théâtre. Evidemment que si. Il est là pour leur montrer l’exemple. Seulement, cet exemple est beaucoup trop vrai aux yeux de capucine. Elle l’a toujours trouvé trop proche d’eux, trop doux, trop gentil… « Tu lui redonnes une chance ou on rejoue la scène tout les deux, pour lui montrer encore ? » Son sourire la trouble tout autant que cette foutue main sur son épaule. Pitié, qu’il arrête d’être si tendre. « On va… mh… on va reprendre. » Thomas ne semble toujours pas convaincu et reste sur la défensive. Pourtant, il s’approche et tente de jouer. Capucine est troublée. Pas par son partenaire mais par le professeur. Ses gestes restent gravés dans sa mémoire et ça la perturbe. Elle n’arrive plus à se concentrer. « Mh… Pardon… on le refait. » Les autres les observent tentant de comprendre pourquoi Capucine perd ses moyens elle qui d’habitude reste professionnelle malgré les tracas. Là, elle n’y arrive pas. Ses proches amis chuchotent discrètement. Ils pensent qu’elle est troublée parce qu’il lui plait. Parce qu’il vient de lui faire une déclaration tellement crédible que Capucine a dû y croire. Pourtant non. Se forçant au maximum, la belle parvient à redevenir crédible mais son partenaire ne l’aide toujours pas. Pire, il s’écarte à nouveau. « M’sieur, vous pouvez me montrer encore ? J’ai vraiment du mal… » Est-il sérieux ? Sourcils froncés Capucine n’a envie que d’une chose, le frapper et lui hurler dessus. En fait-il exprès ? La brune se demande même si son ami n’en fait pas exprès pour l’emmerder. « T’as réellement besoin de 50 démonstrations ? T’exagères. » Elle espère grandement que le professeur ne reviendra pas leur montrer mais elle sait qu’elle va y avoir le droit. « J’veux juste savoir comment faire pour le baiser c’est tout ! » Les yeux exorbités, Capucine se retient de nouveau de le gifler. Il ne vient tout de même pas de demander à monsieur Mcartie une démonstration ? Capucine souffle, espérant qu’il ne le fasse pas. Après tout, il n’a sûrement pas le droit mais elle sait qu’il trouvera une manière de montrer et de la déstabiliser sans pour autant l’embrasser. Le regard posé sur son professeur, elle espère qu’il ne fera rien de pire que la scène précédente.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Sam 16 Mar - 1:04
Laisse moi donner l'exemple et t'apprendre comment jouer, jouer les sentiments.
Capucine était une des meilleures élèves du cours de Jules. Il était à chaque impressionné par son talent. Il la trouvait à l'aise dans presque tous les rôles et de la voir ainsi patauger avec un partenaire qui était loin d'être aussi professionnel qu'elle, il s'en sentait désolé pour elle. C'est pour cela qu'il était venue à sa rescousse, afin de ne pas la laisser se débattre dans un jeu qui laissait à désirer. Il connaissait son talent, et il avait du mal avec le fait qu'elle puisse être en train de le gâcher avec un élève récalcitrant. Il n'en voulait pas à ce gamin, ce dernier était tout bonnement intimidé. Mais pour son cours et pour Capucine, il était prêt à prendre un instant sa place, pour montrer l'exemple. La scène devînt alors parfaite. La voix fébrile de la jeune femme impressionnait Jules, même s'il ne l'aurait jamais félicité devant les autres, pour ne pas favoriser qui que ce soit. Mais bon sang, quel talent ! Elle était parfaite. Tout du moins jouait-elle parfaitement. Et lorsqu'ils terminent la scène et que ses élèves les applaudissent, il sait bien que ces claquements enjoués sont sincères. Lui même a du mal à se retenir de congratuler son étudiante avec la ferveur qu'elle mérite. Il lui propose, une fois le calme revenu de reprendre avec son camarade ou bien de retenter avec lui. C'est un réel plaisir pour lui de jouer en sa compagnie. Et bien que tout ça est strictement professionnel, il ne se forcerait clairement pas à recommencer si la demoiselle était d'accord. « On va… mh… on va reprendre. » lui répond-elle, avec un peu d'hésitation dans la voix. Elle semble troublée mais Jules ignore totalement pourquoi et se voit mal lui demander devant les autres. Aussi acquiesce-t-il et s'apprête-t-il à descendre de l'estrade sans demander son reste mais Thomas prend la parole, le coupant dans son mouvement. « M’sieur, vous pouvez me montrer encore ? J’ai vraiment du mal… » L'enseignant reste un peu bête et hésite. Il se tourne vers Capucine afin de la concerter mais cette dernière ne l'entend pas de cette oreille. « T’as réellement besoin de 50 démonstrations ? T’exagères. » Fronçant les sourcils, Jules tente d'intervenir. « Calmez vous. On va finir par y arriver... » Mais ils ne l'entendent même pas. « J’veux juste savoir comment faire pour le baiser c’est tout ! » Le baiser ? Voilà qui n'était pas prévu. Bien sûr, ça n'est que jeu d'acteur mais embrasser son élève, même en tant que comédien reste douteux. Jules soupire et frotte sa nuque. « Thomas, t'as vraiment besoin d'un cours pour ça ? C'est pourtant pas compliqué. Tu as déjà embrassé une fille non ? » Il remonte pourtant sur la scène. « En plus le baiser n'est pas obligatoire. Ce que je te demande c'est le regard, les gestes... » tente-t-il de lui expliquer. Il sourit un peu gêné à Capucine qui semble fulminer intérieurement. Il fait descendre Thomas avant de s'avancer à nouveau vers elle.
Il prend son visage dans les mains, caressant ses joues. Son regard est tendre, amoureux. Il joue à la perfection. Tout ça semble presque trop réel. Son coeur bat la chamade, palpite. Il ne faut pas qu'elle s'en aperçoive. Elle ne doit pas savoir que tout ça le trouble. Il ne devrait pas être troublé. Et il se penche alors, gardant une distance de sécurité entre les lèvres de la brunette et les siennes. Leurs souffles se mélangent, dansent ensemble. La respiration de la jeune femme est tremblante. La sienne n'est pas beaucoup mieux. Il est fébrile, mal à l'aise mais tente de ne pas le montrer. Enroulant un bras autour de la jeune femme, il la penche en arrière, leurs lèvres toujours proches. Elles se frôlent par accident mais il remonte à nouveau et reste ainsi, un instant. Il est dos au public, de manière qu'il est le seul à savoir qu'il ne l'embrasse pas. Il la regarde dans les yeux, lui sourît, lui demande si tout va bien avant de se redresser et de reprendre son jeu, replaçant une mèche de cheveux de la jeune femme, dans un geste d'une lenteur voulant témoigner du plaisir qu'il aurait à la toucher.
Et il s'écarte à nouveau en souriant à Thomas. « Tu vois ? Ca n'est pourtant pas compliqué. Je ne l'ai même pas embrassé, mais vous y avez cru. » Il sourit doucement, se frottant les mains pour en calmer les tremblements à peine distincts. Il est le seul à pouvoir se rendre compte de son malaise. Oui il est mal à l'aise. Parce qu'il a des principes dont celui de ne pas aller trop loin dans une démonstration scénique avec ses étudiants. N'importe quelle autre comédienne, il l'aurait embrassé. Mais pas Capucine. Il n'a pas le droit. Ca ne se fait pas. Et elle n'a pas encore la maturité d'une réelle actrice pour pouvoir faire la part des choses. Même lui a mis énormément de temps à la faire. Et voilà qu'à l'instant il n'est plus si sûr d'en être capable. Certes elle est très jolie. Mais ça n'est pas la question, ça n'est pas le problème. Le problème est la relation qu'ils doivent entretenir. Prof-élève. Et c'est tout. Il hausse les épaules et passe un bras autour de celles de Capucine, lui souriant grand. Feindre que tout va bien. « C'est le but d'un acteur, faire croire à son public que ce qu'il fait est vrai ou qu'il fait quelque chose alors que ce n'est pas le cas. » Caressant brièvement l'épaule de la jeune femme de son pouce, par automatisme il lui désigne les places assises. « Tu peux te rassoir Capucine. C'était très bien. » Discrètement il soupire de soulagement alors qu'elle s'exécute. Il en voudrait presque à cet imbécile de Thomas pour ne pas avoir su faire les choses biens. Mais ça serait injuste. Le pauvre bougre a peut-être des sentiments pour la demoiselle, sinon pourquoi aurait-il ainsi perdu ses moyens alors qu'il est loin d'être mauvais en temps normal ? « Thomas, pour le prochain cours je veux que tu me prépares en compensation de ce loupé une tirade de ton choix. » Et il va reprendre sa place, assis au bord de l'estrade face à ses élèves, prêt à continuer son enseignement. Parler émotion, sentiment et auteurs célèbres. Il estime qu'en théâtre il n'y a pas que la performance qui compte mais la culture aussi. « Est-ce que quelqu'un peut me résumer les grands traits de la vie de Molière ? Vu que vous étiez censés lire sa biographie la semaine passée et que j'ai oublié de vous interroger... » Il rit brièvement et donne la parole à une des jeunes filles de son cours qui lève la main.
Distraitement, alors qu'il l'écoute son regard balaie la petite assemblée. Il croise celui de Capucine alors qu'il regarde avec sympathie l'ensemble de ses élèves. Il lui sourit doucement, lui adressant silencieusement son admiration. Elle a été fantastique. Elle est vraiment très douée. Il aimerait le lui dire à la fin du cours. Il le fera sûrement d'ailleurs, s'il parvient à l'intercepter avant qu'elle ne quitte la salle. Acquiesçant finalement au discours de l'élève interrogée il se frotte une nouvelle fois les mains. « Parfait Amandine. Pour ceux qui n'auraient pas écouté ou qui n'auraient même pas lu ce que j'avais demandé, vous essaierez de le faire pour la prochaine fois. J'interrogerai encore au hasard quelqu'un sur cet auteur français. » Se laissant glisser au sol, il sourit. « Le cours est presque terminé, un peu d'impro pour finir ça vous dit ? »
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Mer 20 Mar - 0:02
est-ce réellement le jeu d'acteur ou y a-t-il autre chose dans vos yeux, monsieur le professeur ?
Impressionner ses amis ou son professeur, c’était tout ce que voulait Capucine. Pourtant, ce cours ne se déroulait pas du tout comme prévu. Tout aurait dû être simple, gai et détendu, comme d’habitude. Thomas ne semblait pas d’accord avec cette idée et finalement, leur professeur s’y mettait aussi. Qu’avaient-ils tous aujourd’hui ? Ils voulaient l’énerver, la rendre folle peut-être ? Thomas et ses hésitations commençaient sérieusement à lui taper sur le système mais c’était sans compter l’intervention de Monsieur McArtie. Depuis quand était-il si proche d’elle ? La jeune femme l’avait toujours trouvé bizarre mais aujourd’hui, il dépassait tout ce qu’elle avait pu imaginer. Cette scène avec lui venait de lui retourner le cerveau. Il avait été si convainquant. Son regard, ses gestes, tout avait perturbé la brune qui n’aimait pas être déstabilisée autant. Elle n’arrivait pas à croire qu’il était seulement bon acteur. C’était trop intense, trop tendre, trop tout. Cet homme était un bon professeur, un bon acteur, sûrement mais Capucine l’avait toujours trouvé trop proche de ses élèves. Et aujourd’hui elle était presque certaine qu’il n’avait pas fait que jouer. L’accusation pouvait être grave, c’était pour ça qu’elle ne disait rien. Pour l’instant. Elle en parlerait avec ses copines plus tard. Personne ne semblait choqué par la scène. En faisait-elle trop ? Capucine n’arrivait pas à se dire qu’elle avait tort. Mais pour l’instant elle devait surtout se retenir de ne pas égorger son camarade. Lui qui était pourtant si gentil était en train de la mettre dans un sérieux pétrin et de l’énerver un peu plus. Quelle mouche l’avait piqué ?! « Calmez vous. On va finir par y arriver... » ça elle n’en était pas certaine. Capucine se demandait ce qu’elle avait fait pour mériter ça et regrettait presque de s’être levé ce matin. Ce cours qui lui plaisait tant au début commençait même à la dégouter. Thomas de malheur. Comment faire un baiser ? Au pire ils n’étaient pas obligés de le faire si vraiment ça ne lui plaisait pas mais qu’il demande au professeur de lui montrer dépassait sûrement les limites. « Thomas, t'as vraiment besoin d'un cours pour ça ? C'est pourtant pas compliqué. Tu as déjà embrassé une fille non ? » Capucine n’arrive même pas à rire. Elle aurait pu lui dire qu’en effet ils s’étaient déjà embrassés et qu’il avait l’air de le savoir. Mais là, elle ne put faire quelconque remarque. Elle fulminait juste dans son coin. « En plus le baiser n'est pas obligatoire. Ce que je te demande c'est le regard, les gestes... » A l’entente du « n’est pas obligatoire » Capucine se mit à sourire. « Voilà pas obligé on ne… »
Coupée dans sa phrase, elle se figea au contact des mains de son professeur sur ses joues. Non, il n’allait pas l’embrasser tout de même. Il venait de lui dire que ce n’était pas obligatoire. Ses yeux rivés dans les siens Capucine se sentait défaillir. Tout semblait si réel. Ils étaient ailleurs. Seuls. Elle ne voyait plus les autres. Ils étaient uniquement à deux. Où était le jeu ? Là où s’arrêtait la réalité. Evidemment. Mais où cette garce se stoppait-elle ? Capucine ne savait plus. Trop de tendresse, de l’amour. Comment le prendre ? Son cerveau ne répondait plus, son cœur loupa un battement, peut-être deux. Ou plus. La jeune femme ne savait plus. Elle se laissa faire, troublée. Elle ne jouait plus, subissant juste. Son corps, trop proche de celui de son professeur, commença à trembler. Capucine aurait dû le repousser, s’éloigner et ne plus jouer. Pourtant, elle ne fit rien. Elle laissa même leurs lèvres se toucher. Sensation étrange. Perturbante. Troublante. La chaleur de ses lèvres et leur douceur la firent frissonner doucement. La brune était ailleurs. Toujours. Dans ce monde un peu bizarre avec ce professeur beaucoup trop tendre. Pourtant ce monde s’évapora. Les applaudissements la réveillèrent en sursaut.
« Tu vois ? Ca n'est pourtant pas compliqué. Je ne l'ai même pas embrassé, mais vous y avez cru. » elle y avait cru elle aussi. Jusqu’au dernier moment elle s’était dit qu’il l’embrasserait. Horrifiée par l’idée, elle n’avait pourtant pu le repousser en sentant la pulpe de sa bouche toucher la sienne. Capucine était restée immobile tout comme elle l’était maintenant. Figée. Troublée et plus que gênée. Les autres ne semblaient pas trouver la situation anormale. Peut-être était-elle folle ? Sûrement. Le professeur lui, restait fidèle à lui-même, entourant même ses épaules de son bras. N’était-il jamais gêné ? Apparemment non. Au fond, tout ça était peut-être normal ? Elle n’en savait rien. Cette scène l’avait troublée. Beaucoup trop. Et elle détestait ça. « C'est le but d'un acteur, faire croire à son public que ce qu'il fait est vrai ou qu'il fait quelque chose alors que ce n'est pas le cas. » C’était pourtant bien une caresse sur son épaule ? Non. Ça n’est pas normal. Absolument pas. « Tu peux te rassoir Capucine. C'était très bien. » Pourtant elle ne dit toujours rien, se contentant d’obéir. D’un pas qui se voulut assuré, elle marcha jusqu’à ses amies et s’installa avec elles. A la sortie, elle demanderait leur avis. Elles étaient pourtant déjà en train de la féliciter et il n’y avait malheureusement aucune trace d’accusation pour leur cher professeur. Bon sang, elle n’était pas dingue. Si ? Elle n’écoutait plus. Vaguement, elle entendit des voix. Récitation de cours, peut-être. Elle n’était juste plus là. Elle se refaisait la scène dans la tête. Non. Elle n’avait pas affabulé. Il était trop proche, elle avait tellement cru à son jeu. Il ne pouvait pas être si bon. Impossible. Peut-être se donnait-elle trop d’importance. Son professeur aurait-il réellement craqué pour elle ? Sourcils froncés, la jeune femme voulait savoir. Mais comment ?
La sonnerie la sortit de ses rêveries et elle mit du temps à redescendre sur Terre. « Capu, tu viens ? » Son amie, déjà debout, était prête à filer manger. C’était la pause du midi. Pourtant, en rangeant ses affaires, Capucine eut une idée. Face à sa copine, elle embrassa sa joue. « file, j’ai autre chose de prévu, on se rejoint tout à l’heure en danse. » Un dernier sourire et elle la laissa s’éclipser pour finalement attraper son sac. Marchant doucement vers la porte de la classe, Capucine laissa le dernier élève sortir et referma derrière lui. Seule avec McArtie, la brune inspira et colla un sourire sur son visage. Il fallait qu’elle sache et elle saurait. « Je voulais vous remercier pour avoir sauvé cette scène de la catastrophe tout à l’heure… » Revenant sur ses pas, elle s’approcha du professeur et lui sourit, tendrement. « Vous êtes réellement doué… C’est impressionnant… J’suis admirative… » Et perplexe. Surtout. Elle avait besoin de réponse et il fallait qu’il les donne. « C’était tellement bien joué… c’était presque réel… Comment faites-vous pour jouer si bien ? J'aimerais des cours particuliers... » Lèvres pincées, la jeune femme s’approchait de plus en plus de son professeur. Elle se voulait taquine et un peu séductrice. Il fallait qu’il morde à l’hameçon et elle saurait qu’elle avait raison.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Mer 20 Mar - 5:29
Laisse moi donner l'exemple et t'apprendre comment jouer, jouer les sentiments.
Il ne l'avait pas embrassé. Dieu merci il avait trouvé une manière de ne pas le faire. Il n'osait imaginer à quel point la situation aurait été gênante s'il l'avait vraiment fait, devant tout le monde. C'aurait été tellement déplacé que lui-même s'en voulait de l'avoir envisagé même un bref instant. Il l'avait à peine envisagé d'ailleurs que cette idée le rebutait déjà. Capucine avait beau être une fille superbe, elle était son élève. C'était tout ce qui comptait. Jamais il n'aurait voulu créer de malaise entre son étudiante prodige et lui. Ses seules ambitions la concernant étaient de l'amener aussi loin que possible, de lui faire découvrir encore de plus de facette au jeu d'acteur pour qu'elle n'en devienne que plus excellente encore. Elle avait clairement un niveau hors du commun et il s'efforcerait de toujours la mettre sur la bonne voie.
Il faudrait pourtant qu'elle le laisse faire, lui fasse confiance. Tous ses élèves semblaient boire ses paroles quoi qu'il dise. Et il faisait en sorte de toujours leurs donner les meilleurs conseils possibles. Il espérait qu'elle agissait comme les autres. Mais vu son niveau, elle devait clairement même aller au delà de ce qu'il leurs inculquait à chacun. Pourtant, il sentait une distance différente avec la jeune femme que celle qu'il avait avec les autres. Comme si elle était réticente vis à vis de lui. Etait-ce concernant ce qu'il avait pu dire ou faire ? Il n'en savait trop rien. Peut-être trouvait-elle ses manières d'enseigner douteuses ? Pas à la hauteur de l'école dans laquelle il enseignait ? Il n'en savait rien. Et au fond... son avis l'inquiétait un peu. Normalement, en tant que professeur il aurait dû n'en avoir que faire de savoir ce que ses élèves pensaient de lui. Mais non. Il n'y arrivait pas. Pour lui, il s'agissait de quelque chose d'important. Le jugement des étudiants auraient toujours pu lui permettre de s'améliorer lui aussi. Il n'avait pas la prétention de tout savoir du théâtre. Loin de là. Il n'en était qu'un banal représentant. Pourtant, il ne captait ce regard critique, suspicieux que chez la jolie brune. Sans jamais pourtant prendre la peine de le lui demander. Peut-être par crainte de la critique. Il n'en avait pas foncièrement peur. Mais ça n'était jamais agréable de s'entendre dire qu'on était nul, n'est-ce pas ?
La fin du cours sonna et il salua gaiement ses élèves, les invitant à revenir le lendemain et à bien apprendre leurs cours comme il l'avait précisé un peu plus tôt. Commençant à ramasser, rassembler les copies avec les textes joués dans la journée il laissa la salle se vider petit-à-petit. Il prenait son temps, ne souhaitant pas rentrer chez lui dans l'immédiat. Pas tout de suite. Juste encore un peu de répit... s'il-vous-plait. Il finît pourtant par terminer son rangement, hélas et ferma la serviette râpée en cuir dans laquelle il transportait tous ses documents. Pensant être seul, il se mit à chantonner, de manière affreusement fausse d'ailleurs, n'étant pas musicien pour un sous, et sursauta violemment en entendant une voix derrière lui, en haut des marches de la salle. « Je voulais vous remercier pour avoir sauvé cette scène de la catastrophe tout à l’heure… » Se retournant vers Capucine il constata qu'elle avait retrouvé le sourire, ce qui lui réchauffa le coeur et il lui sourît en retour. « Ne me remercie pas, va. Tu as été formidable. Vraiment. J'te félicite. » lui offrit-il en réponse, complimentant sa performance. Il la laissa s'approcher et cala la serviette dans ses bras, un sourire chaleureux toujours sur le visage. « Vous êtes réellement doué… C’est impressionnant… J’suis admirative… » Il en rougit presque. Les compliments l'avaient toujours mis mal à l'aise même si au fond il les appréciait, comme tout le monde. Il frotta brièvement sa nuque et acquiesça. « Merci. » souffla-t-il, alors qu'elle n'était plus loin maintenant. « Mais... je voulais te le dire tout à l'heure, pas devant tout le monde... Je trouvais ça bof. » Il pinça les lèvres et continua sur sa lancée. « Vraiment, tu es très douée. Je suis impressionnée par ta présence. Et par ton talent. Est-ce que tu as déjà pensé à passer des castings ? » Il était sincère lorsqu'il lui posait ces questions. Il espérait que c'était déjà le cas. Il espérait que si tel n'était pas la situation, elle y songerait. Parce que son talent en impressionnerait bien d'autre que lui-même. C'était certain. « C’était tellement bien joué… c’était presque réel… Comment faites-vous pour jouer si bien ? J'aimerais des cours particuliers... » lui dit-elle aussi, se rapprochant toujours plus, forçant Jules à reculer pour maintenir une distance raisonnable entre eux. Il fronça légèrement les sourcils. C'était étrange. Elle avait une attitude différente de tout à l'heure. Très différente. Se reconcentrant pourtant sur sa question il haussa les épaules. « Je ne prétends pas jouer bien. Je prétends jouer aussi bien que possible. » La modestie était un de ses points forts. Ou de ses points faibles peut-être ? Non. Il ne se laissait jamais marcher sur les pieds pour autant. Lorsqu'il désirait un rôle plus que de coutume, il se donnait à fond pour l'avoir. Quite à faire en sorte que l'on vante ses mérites plus que d'habitude. La deuxième partie de la phrase de la jeune femme l'interloqua cependant. Il tiqua et se mît à rire doucement. « Des cours particuliers ? Capucine... vraiment ? » Il riait de bon coeur, presque déstabilisé par une telle demande. C'était juste impensable qu'elle puisse se sentir en besoin de cours particuliers. Comment pouvait-elle être si peu sûre de ses talents ? Il calma son rire et souffla. Mon dieu. Il se rassît au bord de l'estrade et tapota la place à côté de lui, afin qu'elle l'y rejoigne. Il lui adressa alors un sourire chaleureux et un regard tendre. « Sincèrement, Capucine. Tu n'en as pas besoin. Tu es excellente. Vraiment. Je t'assure. J'ai connu des comédiennes professionnelles avec moins d'intelligence scénique que toi. » lui avoua-t-il. Mais il le regretta aussi tôt. Parce qu'il avait peur qu'après une telle "déclaration", après tant de louanges, elle se repose sur ses lauriers. Aussi surenchérit-il « Mais il ne faut jamais cesser de travailler pour autant. On a toujours plus à apprendre. » Et il posa doucement une main sur sa tête, ébouriffant ses cheveux. Perdant un peu de joie dans son regard et son sourire en se rendant compte de son propre geste, il la recoiffa brièvement et reposa ses deux mains sur la serviette posée sur ses cuisses. Il pinça brièvement les lèvres. Il fallait qu'il arrête d'être aussi tactile, aussi paternel. Ca n'était clairement pas comme ça qu'un prof devait se comporter. Mais bon sang, il avait de plus en plus de mal à ne pas se prendre d'affection pour eux. Et en particulier pour elle, qui était si talentueuse et qui avait une frimousse aussi adorable. Il trouvait que, lorsqu'elle souriait, toute son âme d'enfant semblait irradier autour d'elle. Elle avait une bonne âme. Il en était certain. A son âge, elle n'avait plus l'innocence d'une petite fille, mais elle gardait cette lumière. Elle avait énormément de lumière en elle, et elle savait l'offrir sur scène. Et lui, qui sombrait chaque jour un peu plus dans la pénombre, en manquait cruellement. C'est certainement pourquoi il l'appréciait et lui portait une attention toute particulière. Mais bon sang, il ne devait pas. Elle avait des parents. Lui, il n'était qu'un prof. Rien qu'un prof. Un petit prof de rien du tout, incapable de devenir lui-même père.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Lun 25 Mar - 16:28
est-ce réellement le jeu d'acteur ou y a-t-il autre chose dans vos yeux, monsieur le professeur ?
Était-ce réellement une bonne idée que de rester après le cours ? Capucine voulait tester son professeur et c’était certainement comme si elle jouait avec le feu. Comment allait-il réagir ? Si finalement elle s’était trompée ? Il risquerait de la prendre pour une folle. Pourtant, la brunette n’arrivait pas à se détourner de son objectif. Perverse, elle voulait voir plus clair dans son attitude qui ne lui semblait pas normale. Peut-être aurait-elle dû en parler avec ses amis avant, leur demander leur avis au lieu de se mettre dans une situation délicate. Au pire, il la prendrait pour une folle et la repousserait. Était-ce réellement le pire ? N’Était-ce pas plutôt s’il venait à céder à ses avances ? De quoi aurait-elle l’ait si effectivement il entrait dans son jeu de séduction ? Elle voulait tellement avoir ses réponses qu’elle n’imaginait pas les conséquences. Voulait-elle réellement le piéger et le dénoncer ? Capucine n’était plus certaine. Elle voulait au moins savoir pour elle-même., pour avoir des réponses, elle aviserait ensuite. Au fond, il n’avait rien fait de vraiment poussé, des gestes, des regards tendres, mais pas d’agressions. Méritait-il de voir sa carrière s’effondrer s’il ne tentait rien du tout ? La jeune femme avait juste besoin de savoir ce qui se passait dans la tête de son professeur. Pourquoi semblait-il si proche de ses élèves et surtout d’elle dernièrement ? Leur scène avait précipité sa décision. Une tension étrange s’était immiscée entre eux et les avait littéralement figés. Elle avait sentir son professeur se crisper. Ou alors était-ce son imagination ? A trop vouloir voir des actes déplacés de sa part, elle faisait peut-être un amalgame. Qu’importe. Elle allait jouer un peu avec lui et verrait bien ses réactions. Elle ne pouvait plus reculer.
« Ne me remercie pas, va. Tu as été formidable. Vraiment. J'te félicite. » Malgré tout, ses compliments lui allaient droit au cœur et lui faisaient plaisir. Elle ne doutait pas de la sincérité de Monsieur McArtie. Elle voulait le rendre fier et l’entendre la féliciter lui faisait toujours un bien fou. Pourtant, elle avait parfois l’impression qu’il exagérait. Peut-être pour la séduire. Elle s’engagea dans cette brèche et s’approcha de lui, le complimentant à son tour. Sa voix était chaleureuse, une pointe de séduction et de tendresse. Elle était plutôt bonne actrice et surtout, elle savait séduire les hommes. « Merci. Mais... je voulais te le dire tout à l'heure, pas devant tout le monde... Je trouvais ça bof. » Penchant la tête, la jeune femme attendit patiemment qu’il reprenne, un petit sourire collé sur les lèvres. « Vraiment, tu es très douée. Je suis impressionné par ta présence. Et par ton talent. Est-ce que tu as déjà pensé à passer des castings ? » Ses dents emprisonnèrent sa lèvre inférieure en entendant ces quelques mots. Son cœur se mit à battre un peu plus vite sous la surprise et le bonheur. Malgré elle, elle sentit ses joues rougir. Non, il ne fallait pas qu’il prenne le dessus. « Merci… Et oui, j’ai fait un casting pour un petit rôle dans une série de la région… » C’était amusant même si son personnage ne faisait presque que de la figuration. Elle avait tout de même pu échanger quelques répliques avec des personnages principaux et ça lui avait plu. Le reste de son expérience avait été faite à l’école avec les autres élèves.
Elle n’avait cependant pas envie de s’attarder sur cet aspect. Il ne fallait pas que ça devienne une discussion professeur-élève mais plutôt un moment de séduction. Sans hésiter, elle reprit alors ses compliments sur son jeu d’acteur. Elle ne mentait pas. Il était vraiment doué, c’était certain, ou alors, il avait réellement eu envie de l’embrasser et ça l’avait aidé. C’était surtout ça qu’elle voulait savoir. Elle fut pourtant surprise de le voir s’éloigner d’elle. Avait-il peur ? Ce n’était pas la réaction escomptée. « Je ne prétends pas jouer bien. Je prétends jouer aussi bien que possible. » Souriant faiblement, elle leva les yeux au ciel. « Que de modestie. » Il était doué. C’était un fait. Faisant la moue sous son rire, Capucine tenta de rester charmeuse. « Des cours particuliers ? Capucine... vraiment ? » Amusée, elle étouffa elle aussi un petit rire. Au fond, sa réaction lui plaisait, elle voulait tout simplement dire qu’il n’estimait pas ça nécessaire. Amusée, elle se posa près de lui et le fixa. Cette lueur de tendresse dans son regard lui serra un peu le cœur. Elle ne savait plus quoi penser. Il fallait qu’elle continue. Au pire elle se trompait. Mais elle voulait en avoir le cœur net. « Sincèrement, Capucine. Tu n'en as pas besoin. Tu es excellente. Vraiment. Je t'assure. J'ai connu des comédiennes professionnelles avec moins d'intelligence scénique que toi. » A nouveau, elle mordit sa lèvre. Entendre ça était tellement plaisant. Pourtant elle n’arrivait pas à se dire qu’elle méritait réellement ces compliments. Elle se trouvait plutôt douée mais pas de quoi recevoir tant d’éloge. Certains du cours étaient tout aussi doués si ce n’était plus. « Mais il ne faut jamais cesser de travailler pour autant. On a toujours plus à apprendre. » Surprise sous son geste, elle étouffa un petit rire. Ce geste n’avait absolument rien de séducteur, certes il était trop tendre mais elle avait plutôt l’impression d’être une gamine de six ans. C’était surprenant. Pas du tout ce qu’elle avait imaginé. Par contre, la brunette capta sa gêne et tiqua. Il savait qu’il en avait fait trop. Sa façon de la recoiffer rapidement, de détourner le regard. Oui. Elle avait peut-être touché une corde sensible. Enfin, il s’était mis dans ce pétrin tout seul. « Ne soyez pas gêné. » Doucement, elle lui donna un petit coup d’épaule et resta contre lui. Elle devait creuser. C’était certain qu’il avait quelque chose à se reprocher. Elle tenait le bon bout ! « Je sais que je dois toujours travailler. Ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas parce que vous me complimentez en secret que je vais tout arrêter et me reposer sur mes lauriers ! » « en secret ». Elle insista bien sur ce point, espérant voir quelque chose dans ses yeux. « Justement, comme j’ai toujours plus à apprendre, j’aimerais apprendre avec vous… J’aime jouer à vos côtés. Tout à l’heure c’était juste parfait… » Pinçant les lèvres, elle vrilla ses yeux dans les siens, battant habilement des cils. Rien de sur-joué, elle savait ce qu’elle faisait. « J’ai envie de revivre ça encore. C’est la première fois que je ressens une telle alchimie en jouant avec quelqu’un. » Au fond, elle ne mentait pas non plus. Ce qui s’était passé entre eux l’avait gênée mais il avait aussi senti ce lien entre eux, cette façon de jouer qui s’accordait parfaitement. « S’il vous plait… je sais que vous aussi vous avez aimé jouer avec moi… » Doucement, elle colla sa jambe à la sienne et sa main qui était posée sur sa cuisse frôla le genou de son professeur. Capucine aurait pu accentuer le tout mais elle préféra attendre, épier la moindre de ses réactions.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Lun 8 Avr - 22:04
Laisse moi donner l'exemple et t'apprendre comment jouer, jouer les sentiments.
Il y avait quelque chose de spécial chez Capucine. Quelque chose de particulier. Elle dégageait un charisme certain. Un charme indéniable. Elle était une personne pétillante, pleine de malice. Ca se voyait dans ses yeux, son sourire… Jules aurait pu passer des heures à essayer d'analyser ses expressions, il y avait toujours pourtant quelque chose de mystérieux, d'indicible, d'indescriptible. Elle était elle-même indescriptible. Beaucoup de compliments seraient venus aux lèvres de Jules s'il avait dû décrire son élève. Mais après, il ne la connaissait que de cette manière, qu'en tant qu'apprentie. Il n'avait jamais passé de temps avec elle. Il n'avait jamais réellement discuté avec elle non plus. Ils n'en avaient jamais eu l'occasion. Leurs relation se limitait aux cours qu'il lui offrait, et dont elle n'était pas la seule étudiante. Mais au fond, il aurait bien aimé. Il était persuadée qu'elle était une personne intéressante. Une fille fascinante. Il la voyait comme une gamine encore. Une toute jeune fille. Mais elle était plus que ça. Elle était une femme. Elle avait le charme d'une adulte. Ce dont Jules n'était pas conscient. D'un autre côté, il valait mieux qu'il ne le soit pas. Le jour où il ne serait plus aveugle à la beauté des femmes qui l'entouraient, c'est que son couple serait définitivement brisé. Il savait que ce dernier battait de l'aile parce que la situation s'y prêtait. Sa femme était dans un tel état qu'il lui était impossible d'être heureux. Le malheur de nos proches déteint souvent sur nous. Et on ne peut s'empêcher de s'en sentir responsable.
Les compliments avaient le don de mettre Jules dans une situation paradoxale. Il était alors affreusement gêné, rougissant presque, mal à l'aise. Et en même temps son coeur se gonflait d'une certaine fierté lorsqu'on reconnaissait un peu de son talent. Il estimait ne pas en avoir énormément, mais ça faisait toujours du bien à son ego. Dernièrement, il en avait plus besoin que jamais. Aussi les compliments de la jeune femme le touchaient malgré tout les efforts du monde qu'il mettait à ne pas se sentir flatté. Il lui rendait la pareille. Elle méritait elle aussi des éloges. Des éloges des plus sincères. Parce qu'elle était talentueuse. Meilleure que ça même. Il s'informa sur le déroulement de sa vie artistique hors de l'école et apprit qu'elle avait déjà tourné dans une série régionale. Il en sourît. Il était fier d'elle. Vraiment fier. Il savait bien qu'il n'était pas celui qui avait accompli cet exploit mais malgré tout, il avait l'impression d'y contribuer un minimum. Après tout, c'était lui qui lui enseignait comment jouer. Non ? Elle revînt à la charge avec un autre compliment qui le mît à nouveau mal à l'aise. « Que de modestie. » Et il sourît à sa remarque. La modestie était à ses yeux une qualité énorme. Chacun devrait en faire preuve. Car plus on se vantait, plus on se reposait sur son succès et ses acquis et moins on était méritant au final. Il en fît la remarque à Capucine, comme quoi il fallait toujours en apprendre plus, ne jamais s'arrêter à ce que l'on savait déjà. Et il eût alors ce geste. Un geste des plus déplacés. Un geste qui le fît se crisper lorsqu'il s'en rendît compte. Et il s'en voulût immédiatement. C'était des plus gênants. C'était même grave qu'il ai pendant un instant ressenti le besoin de la toucher de cette manière, comme une enfant, comme son enfant. « Pardon. » murmura-t-il presque. Devait-il se sentir désolé ou est-ce que ça ne rendrait son geste que plus étrange encore ? « Ne soyez pas gêné. » lui dît-elle. Mais comment ne pas l'être. Il frotta son menton nerveusement et resta un peu bête lorsqu'elle alla rencontrer son épaule de la sienne. Il lui jeta un regard, les yeux plein de question. Elle tentait certainement de le mettre à l'aise, de lui montrer qu'il n'y avait rien de grave. Mais si. Si, bien sûr. Jules en était pertinemment conscient. « Je sais que je dois toujours travailler. Ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas parce que vous me complimentez en secret que je vais tout arrêter et me reposer sur mes lauriers ! » Leur regards étaient plongés l'un dans l'autre et Jules ressenti un noeud dans sa gorge. Il y avait quelque chose d'étrange dans sa manière de dire les choses. Elle lui parlait différemment… Et cette manière de parler paraissait plus.. intime. Avait-elle déjà discuté de la sorte avec lui ? Il ne lui semblait pas pourtant. « Justement, comme j’ai toujours plus à apprendre, j’aimerais apprendre avec vous… J’aime jouer à vos côtés. Tout à l’heure c’était juste parfait… » Elle prît un air qu'il ne lui connaissait pas non plus. Etait-ce.. de la séduction qu'il percevait sur son visage et dans ses yeux chocolats malicieux ? Il fronça brièvement les sourcils. Quelque chose clochait. « J’ai envie de revivre ça encore. C’est la première fois que je ressens une telle alchimie en jouant avec quelqu’un. » Il ouvrît les lèvres dans un « Oh... » surpris et déboussolé. Vraiment ? Il déglutît alors que cette déclaration était en partie vraie pour lui aussi. Il avait aimé jouer cette scène en sa compagnie. Il aimait jouer avec elle de toutes manières. Lui donner la réplique était un vrai régal. Mais il avait encore cette troublante impression qu'elle ne parlait pas que théâtre. « S’il vous plait… je sais que vous aussi vous avez aimé jouer avec moi… » Elle avait raison évidemment, mais il ne confirma pas. Il sentit leur cuisse se coller, et les doigts de la brunette frôler son genou. Fronçant réellement ses arcades cette fois, il laissa son regard glisser sur leurs corps vraiment trop en contact à son goût. Il esquissa un geste de côté et prit la main de Capucine pour la déplacer sensiblement loin de lui. « J'ai apprécié oui. Je te l'ai dit. Tu as du talent alors c'est agréable d'être sur scène avec toi. Mais… » Mais ça va trop loin. Elle allait trop loin, à l'instant même. Elle ne se comportait pas de manière innocente. Il ne le sentait que trop bien. Et il détestait ça. Qu'est-ce qui lui prenait ? Est-ce qu'il était coupable dans cette histoire ? Est-ce que ses marques d'affection avaient été mal comprise par la jeune femme ? Si tel était le cas, alors il serait difficile de la convaincre du contraire. Si jamais il l'avait séduite involontairement… il serait obligé de la repousser. Violemment s'il le fallait.
Aussi, il se leva et passa une main dans ses cheveux, s'éloignant d'elle. Récupérant sa veste il la passa sur ses épaules et fixa la porte, le coeur battant, alors que la crainte qu'ils aient été vu dans cette situation lui vrillait le ventre. Et si au final il interprétait mal ? Si lui, interprétait mal, un témoin extérieur comprendrait forcément de travers lui aussi. Et il risquait d'avoir des ennuis. Il souffla pour se redonner de la contenance et lui fît face. « Il faudrait qu'on y aille Capucine. Je dois fermer la salle. » Il lui adressa un sourire, mais sans vraiment le contrôler, ce dernier était froid et réticent. Il avait peur qu'elle fusse, quelques instants plus tôt en train de tenter de le séduire. Si tel avait été le cas alors il devrait mettre de la distance entre eux. Une vraie limite. Il faudrait qu'il lui montre que ça n'était pas possible. Tripotant nerveusement sa bague de fiançailles comme pour inconsciemment lui signifier qu'il n'était pas libre il se retourna à nouveau, montant les marches vers la porte. « Et pour les cours… je vais y songer. » Il allait vraiment le faire. Car si son élève ressentait le besoin de s'améliorer encore, qui était-il pour l'en empêcher et la maintenir vers le bas ? Pourtant l'idée de lui donner des cours particuliers lui tordait les tripes. Elle le tétanisait. Mon dieu faîtes qu'elle n'ai pas le béguin pour lui, il ne demandait que ça. « Je pourrais aussi te diriger vers un collègue à moi. C'est toujours bien d'avoir plusieurs avis et conseils. » proposa-t-il aussi, dans l'espoir qu'elle accepte cette alternative qui l'arrangerait énormément. Encore faudrait-il qu'il trouve quelqu'un à qui confier l'éducation dramatique de sa protégée. Une protégée qu'il avait peur de perdre si ce qu'il pensait qu'elle ressentait s'avérait vrai.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Dim 14 Avr - 14:29
est-ce réellement le jeu d'acteur ou y a-t-il autre chose dans vos yeux, monsieur le professeur ?
Ce professeur était spécial. Doué dans ce qu'il faisait c'était certain, Capucine ne pouvait en aucun cas le nier. Seulement son comportement la troublait. Il n'était pas clair dans ses intentions et ça la stressait. Elle était la seule à penser ça dans son cours mais elle n'arrivait pas a s'enlever cette pensée de la tête. Peut-être était-elle trop méfiante et paranoïaque ? La jeune femme avait besoin d'en avoir le cœur net. Ses gestes étaient trop tendres pour être ceux d'un professeur. Une relation prof-élève ne devait jamais être si ambigüe. Il n'avait pas à être trop doux, trop protecteur. Ça ne gênait peut-être pas les autres mais elle, elle n'arrivait pas à oublier ses petites attentions. Puis, après cette scène perturbante, Capucine voulait juste mettre les choses au clair. Elle le savait doué pour son métier mais il y avait eu autre chose entre eux, elle l'avait vu dans ses prunelles claires, ressenti dans ses gestes. Il avait tellement bien joué qu'à ses yeux, il était presque impossible que ça soit juste un rôle. N'était-elle pas trop orgueilleuse de penser que son professeur puisse s'intéresser à elle d'une autre manière que pour le théâtre ? Sûrement. Peut-être allait-elle droit dans le mur et monsieur McArtie était juste excellent, mais elle voulait la réponse à toutes ses questions.
L'élève tentait de prendre son professeur au dépourvu, de le complimenter, le séduire. La brunette y allait doucement, subtilement. Elle ne voulait pas paraître orgueilleuse ni même trop sûre d'elle et de ses charmes. Petit à petit, elle s'approchait de lui et lorsqu'il la toucha, qu'il eut ce geste qu'il n'aurait sûrement pas dû avoir, Capucine se dit qu'elle était sur la bonne voie. Il mordait à l'hameçon. Prenant sur elle pour ne pas réagir et s'enfuir, elle continua de sourire. « Pardon. » Il était gêné de son geste ce qui était plutôt incompréhensible s'il était du genre à séduire ses élèves. Qu'importe, Capucine le rassura comme elle pût espérant l'encourager à se laisser aller et continuer s'il en avait réellement envie. La nervosité de son professeur la troubla quelque peu. Il aurait dû être plus entreprenant, non ? Cette situation était de plus en plus bizarre, son enseignant ne réagissait pas du tout comme elle l'avait espéré. Et si elle s'était trompée ? Impossible. Elle enfonça le clou en reparlant de leur scène. Au fond, elle avait réellement ressenti une alchimie entre eux. Ils avaient bien joué et les sentiments avaient été retranscrits à la perfection. Il fallait qu'elle connaisse son avis la dessus. Obligatoirement. « Oh... » Oh ? C'était tout ce qu'il trouvait à dire ? Sa surprise ne plaisait pas du tout à la jeune femme. Elle ne pouvait pas être la seule à avoir ressenti cette tension entre eux ! C'était impossible qu'elle se soit fait des idées. Il fallait qu'il crache le morceau. Il l'avait forcément ressentie lui aussi. Malgré elle, son orgueil venait d'en prendre un coup. S'il avait trouvé leur scène à peu près normale et banale, Capucine risquait de piquer une crise. Elle voulait être la meilleure et ça commençait par impressionner son professeur. Par tous les moyens.
Continuant son manège, elle colla leurs jambes. C'était étrange d'être si près de lui. Il était bel homme c'était certain mais Capucine ne l'avait jamais regardé de cette manière. Il était monsieur McArtie, son professeur de théâtre et, il pouvait bien être beau ou moche, elle n'en avait que faire. Pourtant, là, face à lui, elle remarquait enfin la beauté que ses camarades pouvaient lui trouver. « Nan mais tu as vu ses yeux ? Et son corps de rêve. Mon Dieu j'aimerais tant voir sous ses vêtements. » Voici le genre de discours que mademoiselle Dauvilliers entendait très souvent. Et c'était la même chose pour leur professeur de danse. Ses copines l'énervaient à ne penser qu'aux hommes alors qu'elle préférerait de loin penser aux cours. Les hommes l'intéressaient évidemment, mais en dehors de l'école. Elle ne voulait plus mélanger travail et amusement.
Surprise, à nouveau, Capucine regarda son professeur ôter sa main. Refusait-il ses avances ? Ça n'était pas du tout prévu dans le programme. « J'ai apprécié oui. Je te l'ai dit. Tu as du talent alors c'est agréable d'être sur scène avec toi. Mais… » Mais ? Les yeux plissés, la jeune femme attendait sa réponse avec impatience. « Mais c'est difficile de cacher mes sentiments pour toi, tu me troubles trop... » Elle était prête à tout entendre. Mais rien ne vint. Elle le regarda se lever et s'éloigner comme si elle avait la peste. Mécontente, Capucine le cacha comme elle put et se leva . Elle resta cependant à distance de lui pour observer ses gestes. Il semblait nerveux, stressé. Peut-être qu'il avait peur qu'on les surprenne, qu'elle ait découvert son petit jeu. Mais n'était-elle pas en train de lui montrer qu'elle était d'accord pour aller plus loin ? Il aurait dû être satisfait, non ? « Il faudrait qu'on y aille Capucine. Je dois fermer la salle. » La jeune femme n'aimait pas réellement cette attitude froide qu'il arborait. C'était tellement différent de ce qu'elle avait l'habitude de voir. Elle en venait presque à regretter l'ancien monsieur McArtie. Ses yeux scrutèrent alors son professeur et furent attirés par sa main. Il jouait avec sa bague. Évidemment, Capucine savait qu'il était fiancé ou marié mais depuis quand les hommes en couple étaient-ils fidèles ? Monsieur McArtie n'échappait sûrement pas a cette règle. Ce n'était pas une excuse valable pour arrêter son investigation. « Et pour les cours… je vais y songer. » Levant les yeux au ciel alors qu'il était dos à elle, la brune lui emboita le pas, bien décidée à ne pas le laisser filer. « Je pourrais aussi te diriger vers un collègue à moi. C'est toujours bien d'avoir plusieurs avis et conseils. » Intéressant. Il fuyait. Avait-il peur de ce qu'il ressentait ? « Un collègue ? Non. Je ne veux pas d'un collègue à vous. C'est avec vous que j'aime jouer. Avec vous qu'il y a une alchimie. Et je sais que je ne pourrais progresser aussi bien si je ne suis pas avec vous. » Au fond, elle ne mentait pas. Il était excellent. Leur jeu ensemble avait été une pure réussite et elle n'avait jamais autant appris qu'en sa compagnie. Pourquoi donc y aurait-il un problème ? Si des sentiments étaient en jeu évidemment. Elle refermait son piège sur lui, elle allait réussir à avoir cette confirmation qu'elle attendait tant et ça la faisait jubiler malgré la peur qu'elle ressentait. Après tout, qu'allait-elle faire s'il avait réellement des sentiments pour elle ? Le dénoncer à l'académie ? C'était tellement radical. Il n'avait fait de mal à personne. La jeune femme voulait juste savoir, pour elle, incapable d'aller gâcher sa carrière.
Sans lui laisser le temps d'atteindre la porte, elle se plaça devant lui et la ferma. S'il voulait sortir il devrait lui passer sur le corps. Son regard se vrilla dans le sien et Capucine s'efforça de ne pas détourner les yeux. Il était impressionnant et gênant. Ce n'était pas une question de carrure ou de taille puisqu'avec ses talons, la jeune femme était presque aussi grande que lui. C'était différent, sûrement la tension dans l'atmosphère. Ses prunelles la perturbaient plus qu'à l'habitude. « Pourquoi vous fuyez ? Pourquoi l'idée de vous retrouver seul avec moi semble vous terrifier ? » Si elle voulait ses réponses, il fallait qu'elle attrape le taureau par les cornes. Son caractère fort et son jeu d'actrice lui permettait d'être convainquante et de cacher son trouble. Elle espérait qu'il allait se laisser aller et qu'il craquerait enfin qu'elle n'ait pas fait tout ce manège pour rien. « Monsieur... Ça serait tellement dommage de se priver de ça... Non ? » Pinçant ses lèvres, la belle s'approcha de lui et se colla à son torse. Sans lui laisser le temps de réagir, elle posa ses fines mains sur ses joues et murmura contre sa bouche « Je n'arrive plus à faire comme si de rien n'était. » Et une fraction de secondes plus tard, ses lèvres se posèrent contre celles de son professeur. Elle ne savait pas comment il allait réagir. Si, quelques heures plus tôt elle était certaine qu'il en pinçait pour elle, maintenant, rien n'était moins sur. S'il répondait, c'était gagné, elle avait son aveu, s'il la repoussait... C'était une autre affaire.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Dim 28 Avr - 2:00
Laisse moi donner l'exemple et t'apprendre comment jouer, jouer les sentiments.
C'était tellement étrange. Jamais il n'aurait cru vivre une situation pareille. Une élève lui faisant du rentre-dedans... C'était certainement le fantasme de nombre de ses confrères. Surtout dans le cas où l'élève en question était aussi belle que Capucine. Pour Jules c'était juste une situation des plus bizarre. Ca le mettait mal à l'aise, définitivement mal à l'aise. Car il n'avait jamais eu ce genre de problème. Il avait toujours fait en sorte de ne pas attirer les regards des autres femmes. Il avait toujours été distant avec la gente féminine même inconsciemment car la seule et unique qui l'avait jamais attiré, fasciné était aujourd'hui son épouse. Du moins ce qu'il en restait... Comment en était-il arrivé à une telle situation ? Qu'avait-il fait de travers ? Est-ce qu'elle avait perçu dans son propre comportement une ouverture ? Peut-être n'était-ce même pas de la faute de Jules. Peut-être que la demoiselle avait juste.. le béguin pour lui. Elle était jeune. Ca lui passerait. Jules l'espérait. Mais là tout de suite, il fallait qu'il se sorte de ce pétrin. « Un collègue ? Non. Je ne veux pas d'un collègue à vous. C'est avec vous que j'aime jouer. Avec vous qu'il y a une alchimie. Et je sais que je ne pourrais progresser aussi bien si je ne suis pas avec vous. » Elle n'avait pas tort. Il faisait un travail excellent ensemble. Ils avaient une osmose très agréable, très intense mais... bon sang elle semblait définitivement sous-entendre qu'il pouvait y avoir plus que du jeu d'acteur. Ca n'était clairement pas le cas. Mais comment le lui faire comprendre ? « Capucine... » souffla-t-il, voulant répondre à sa phrase mais il n'en eût pas le temps. Il essayait de fuir. Il voulait juste éviter au maximum une confrontation plus longue avec la jeune femme. C'était affreusement gênant. Il se dirigea vers la porte dans la ferme intention de l'ouvrir et de quitter cette pièce mais la jeune femme s'interposa, lui bloquant le passage. Merde... songea-t-il très fort. Et elle fondit ses yeux dans les siens avec un regard qui ne mentait pas. Elle tentait bien de le séduire, il n'y avait plus aucun doute là dessus. Jules retînt sa respiration. Dans quelle position misérable venait-elle de se mettre, mon dieu. Fronçant légèrement les sourcils, il lui rendît son regard d'une manière différente. Un regard plein d'interrogation et de désapprobation. « Pourquoi vous fuyez ? Pourquoi l'idée de vous retrouver seul avec moi semble vous terrifier ? » Oh la réponse était plutôt évidente pourtant ! Il était marié et laisser une jeune fille de dix ans de moins dont il était le prof lui faire des avances ne faisait pas partie de ses hobbies. « Monsieur... Ça serait tellement dommage de se priver de ça... Non ? » Se priver de quoi ? De quoi est-ce qu'elle parlait ? Il eût à peine le temps de réaliser qu'elle se collait à lui, et qu'elle prenait son visage en coupe. Tétanisé, il gardait son regard dans le sien, tendu, crispé. Ses oreilles bourdonnaient, le stress à son comble aussi il ne comprît même pas les derniers mots franchissant les lèvres de la brune avant qu'elle ne les pose contre les siennes.
Gardant les yeux grand ouverts, il ne réagit pas tout de suite. Le contact était doux, chaud. Elle appuyait à peine la pulpe de ses lèvres contre les siennes. Ca avait quelque chose d'agréable. Il avait aussi sa poitrine contre ses pectoraux. Ca ne dura que quelques secondes... Le temps que l'information qu'il n'arrivait pas à admettre monte à son cerveau et soudain tout fût clair. Elle l'embrassait. Là. Maintenant. Et tout de suite ! Elle était en train de poser ses lèvres là où son épouse l'embrassait encore ce matin. Et c'était inacceptable. Personne d'autre qu'elle n'avait le droit. La bouche de Jules appartenait à son propriétaire et son épouse. Seulement ça. Il saisit ses avant-bras, brusquement et retira les mains qui encerclaient ses joues. Son air horrifié devait se lire clairement sur son visage alors qu'il se penchait en arrière, la faisant reculer par le même geste, l'éloignant de lui. Au maximum. Reculant vivement il se retrouva contre le mur, ses pas déséquilibrés, trébuchants à cause du choc. Passant le bout de ses phalanges sur l'épiderme fin et sensible de sa bouche, il fixa le vide, choqué. Il les sentait encore. Il sentait sa bouche. Le sang bouillonnait à cet endroit. Ca le brûlait presque. Lèvres brûlantes de culpabilité. Et son coeur palpitait affreusement fort. Comme lorsqu'il était excité. Comme lorsque sa femme se déshabillait chaudement devant lui. Comme lorsqu'une de ces prostitués... Il secoua la tête. Ca n'était pas de l'excitation à l'instant même. C'était de la colère. Comment avait-elle juste osé ? Comment avait-elle seulement pu faire ça alors qu'il était marié ?! Fronçant à nouveau les sourcils mais cette fois-ci d'indignation, il se reconcentra sur elle. « Qu'est-ce que tu fabriques ?! » Son ton était agressif. Il n'avait pas crié mais sa voix était grave et menaçante. Avait-il jamais employé un tel ton envers un élève ? Jamais. Jamais de la vie. Il n'avait pourtant pu l'empêcher. Le geste de l'étudiante était à ses yeux un affront hautement blamable. « Pourquoi tu as... Comment as-tu pu penser... que je voulais que... » Son éloquence naturelle venait de s'évaporer. Il ne trouvait pas les mots pour exprimer son trouble et sa stupeur. Elle n'aurait jamais dû ! Elle venait de signer la fin d'une entente cordiale professeur/élève. Maintenant tout serait différent ! Maintenant tout était gâché ! Maintenant... les choses seraient bizarres. Il aurait préféré qu'elle continue à le regarder du coin de l'oeil et à faire des sous-entendus. Mais là, là elle venait de passer à l'acte ! En quoi avait-il pu l'y inviter ? Qu'avait-il fait ?
« Ne refais. jamais. Ca. » lâcha-t-il, entre ses dents, le doigt pointé vers elle. Il passa une main sur son visage et se retourna dos à elle en respirant rapidement. Il fallait absolument qu'il se calme, qu'il se détende. Ca n'était pas grand chose — Bien sûr que si ! — non, il s'agissait juste d'un malentendu — Elle l'avait embrassé ! — Elle ne recommencerait plus. Il fallait juste qu'elle le comprenne. Il finît par baisser les yeux. Il ne pouvait pas être dur avec elle. Il devait calmer le jeu et faire en sorte que tout rentre dans l'ordre. Se comporter en adulte responsable. Il souffla, apaisant sa respiration avant de lui faire face à nouveau. Il secoua doucement la tête de gauche à droite et pinça les lèvres. « Je suis marié Capucine... » lui dît-il, parlant doucement, comme lorsque l'on explique quelque chose à un enfant. « Et j'aime ma femme. Je lui suis fidèle. » plus ou moins. Il soupira encore, trouvant cette épreuve difficile. Repousser la jeune femme était difficile. Il ne voulait pas la blesser. Mais si elle était amoureuse de lui, ou même juste attirée, elle était déjà blessée. « Tu as imaginé... des choses ou je ne sais pas. Mais il n'y a rien et il n'y aura jamais rien de plus entre nous qu'une relation professeur à élève. » Il ne pouvait être plus clair. Glissant ses doigts dans ses cheveux il les ébouriffa. S'il l'avait seulement soupçonné... « Tu comprends ? » conclût-il en plongeant son regard dans celui de son interlocutrice. Faites qu'elle ne soit pas dévastée... faites qu'elle ne lui en veuille pas. Elle s'en remettrait. Mais oui, elle s'en remettrait. Il fallait qu'elle s'en remette.
Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules Lun 6 Mai - 21:15
est-ce réellement le jeu d'acteur ou y a-t-il autre chose dans vos yeux, monsieur le professeur ?
Capucine était tenace. Jamais elle n’abandonnerait ce but qu’elle s’était fixé. Il fallait qu’elle perce le mystère autour de son professeur. Qu’importe les techniques employées. Bonnes ou mauvaises, elle était juste prête à tout pour connaitre cette vérité. Pourquoi s’acharnait-elle ainsi ? Elle n’allait pas le dénoncer. Il n’avait rien fait de mal. Du moins pas encore. Puis ça n’était pas comme s’il était professeur dans une école de jeunes enfants ou adolescents. Ils étaient responsables de leurs actes et même si c’était mal vu, Capucine n’allait pas en faire une montagne. Elle s’était juste laissé prendre dans cette envie de savoir, ce besoin de découvrir son double jeu. Peut-être avait-elle tiré des conclusions trop hâtives quant à ses envies envers des élèves, surtout envers elle. Personne n’avait jamais rien remarqué. Était-elle paranoïaque ou avait-elle raison ? La réponse viendrait sûrement. Son petit manège enclenché, la brunette ne pouvait plus reculer. Et, à mesure que les secondes s’écoulaient, le doute s’emparait d’elle. Il ne réagissait absolument pas comme elle se l’était imaginé. La surprise ne la quittait plus alors que son professeur semblait même vouloir la fuir comme la peste. Était-il terrifié qu’elle ait découvert ses fantasmes ou s’était-elle juste trompée ? Non. Elle ne pouvait pas y croire. Impossible d’avoir pu inventer tout ça !
Si la manière douce ne marchait pas, elle utiliserait la force. Il allait craquer. C’était évident pour elle. Alors qu’il allait fuir, elle ne lui en laissa pas le temps et s’interposa. Ce n’était pas ce qui était prévu. McArtie aurait dû montrer plus d’enthousiasme que ça. Là, il semblait juste terrifié dès qu’il posait les yeux sur la brunette. Il n’allait pas pouvoir cacher son jeu bien longtemps. Capucine n’hésita pas une seconde et posa ses lèvres contre celles de son professeur. Geste osé mais qui allait payer. C’était son dernier atout, elle venait d’abattre sa dernière carte. Contre toute attente, ça ne la dégouta pas plus que ça. Ses lèvres étaient douces et, il fallait bien l’avouer, il n’était pas le moins attirant des hommes. Le baiser resta tendre, Capucine se contenta d’une douce pression tout en caressant ses joues. Perdue dans ses pensées, les quelques secondes que cet échange dura lui parurent une éternité. Seulement le retour à la réalité fut brutal. Son professeur la poussa vivement, la sortant de sa torpeur. Les yeux de la jeune femme s’accrochèrent à ceux si bleus de McArtie et ce qu’elle vit ne lui plut pas du tout. Il la rejetait, totalement. Impossible avait-elle pensé ? Apparemment non. Il semblait tout aussi choqué qu’elle mais ça ne dura qu’un temps avant qu’il ne se reprenne. Capucine aurait préféré qu’il reste en état de choc. « Qu'est-ce que tu fabriques ?! » Elle ne l’avait jamais vu comme ça. C’était troublant. Un instant, elle se sentit mal. Que venait-elle de faire ? Elle-même se le demandait. La jeune femme s’était trompée, à présent, c’était une évidence. Honteuse, elle avait envie de se cacher. Pourtant, un autre sentiment monta en elle. La colère, la haine. Comment osait-il la repousser de la sorte ? « Pourquoi tu as... Comment as-tu pu penser... que je voulais que... » Sourcils froncés, l’élève rendait son regard dur au professeur. Face à face, ils se jaugeaient, prêts à s’attaquer à l’autre. N’aurait-elle pas dû être rassurée qu’il n’ait effectivement pas envie d’elle ? N’était-ce pas ce qu’elle lui reprochait à la base ? Oui. Pourtant, c’était une toute autre chose qui s’immisçait en elle. La jeune femme était vexée. Profondément. Il la traitait comme une paria et ça l’énervait. Confuse et trop en colère, elle ne savait même pas quoi lui répondre. Ses mots restaient bloqués dans sa gorge alors qu’ils ne demandaient pourtant qu’une chose, exploser au visage de ce connard. « Ne refais. jamais. Ca. » La tension dans la salle était palpable. Capucine n’en revenait pas qu’il réagisse aussi brutalement. Ça n’était pas du tout la réaction escomptée.
« Je suis marié Capucine... Et j'aime ma femme. Je lui suis fidèle. » Blasée, elle leva les yeux au ciel. Marié ? La plupart des hommes n’étaient pas à ça prêt. Puis elle avait évidemment vu cette alliance. Mais qu’était le mariage au fond ? Beaucoup n’y croyaient plus après quelques années et ça n’empêchait en rien d’aller voir ailleurs. « Tu as imaginé... des choses ou je ne sais pas. Mais il n'y a rien et il n'y aura jamais rien de plus entre nous qu'une relation professeur à élève. Tu comprends ? » Que devait-elle faire ? Hurler, lui foutre la gifle de sa vie ou rire ? Elle était tiraillée. Peut-être tout à la fois. Le regardant méchamment, elle commença par rire. Un rire plutôt mauvais qui traduisait bien son mécontentement. Son regard se fit plus dur encore et elle le regarda dédaigneusement. « Je me suis imaginé des choses ? » levant un sourcil, elle continua, « et bien, cher ‘professeur’, si c’est le cas, il faudrait chercher le coupable. Non ? » Finalement, elle imita ses gestes et pointa un doigt sur lui. La relation professeur/élève n’était plus là. Elle lui parlait comme à quiconque aurait osé se jouer d’elle et l’énerver. « Le coupable c’est vous. Alors avant de m’cracher à la figure que j’suis cinglée, de m’regarder comme si j’venais de faire la chose la plus stupide du monde, demandez-vous pourquoi j’l’ai fait. » Sa voix était sèche. Elle était furieuse. Oublié le plan, le fait qu’au fond elle ne voulait pas de lui. Il l’avait repoussée et ça la vexait. Cette façon qu’il avait eu de la regarder comme si elle était complètement stupide d’avoir cru qu’elle pouvait l’intéresser. Merde. « Surveillez votre putain de comportement si vous n’voulez pas d’emmerde de la part de vos stupides élèves, monsieur McArtie. » Remontant la bretelle de son sac, elle plissa le nez, signe de sa colère. « Sur ce, bonjour à votre femme. » Furieuse, elle passa près de lui et le bouscula faiblement. Comment avait-il osé ? Elle n’en revenait toujours pas. Cet abruti lui faisait du rentre dedans et il s’offusquait de la voir tenter sa chance. C’était juste inadmissible. La tête haute, elle partit sans se retourner. Le prochain cours allait être très amusant…
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Sujet: Re: Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules
Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas ∞ Jules