Banlieue de Kiev. 16 avril 1993.
Aujourd'hui j'ai 5 ans. Maman est morte hier, peut être avant hier, je ne sais plus. Je ne comprends pas, dans ce petit corps d'enfant, tout ce qui m'arrive, je suis ébloui par les lumières, et je vois le corps de ma mère qui s'en va. J'ai son visage dans un coin de ma tête, figé. Son sourire perdu au fond des yeux.
J'avais 5 ans ce jour là, quand ma mère est morte. Journaliste endurcie dans un pays comme l'Ukraine, conduisant pour emmener ses enfants au parc de jeu. Elle n'y arrivera jamais, les 3 balles dans la tête feront le chemin trop rapidement.

Popovka, Ukraine. 19 juillet 2000.
J'ai résisté à la fin du monde de l'an 2000, soit disant prédite. J'ai résisté à la mort de ma mère, et cette image est restée au fond de moi. La même, elle n'a pas bougé. Je la revois tandis que mon père, exilé dans cette campagne ou il est devenu agriculteur, ne sait plus ou donner de la tête dans son travail. Aucune femme à l'horizon. Je crois que sa vie est foutue. La seule femme que l'on ai toujours aimé, la seule qui savait consoler deux bonhommes perdus. La seule qui savait éteindre les feux de ma colère. Envolée.
J'aide mon père un peu chaque jour, mais je sais que ma destinée est ailleurs. J'entends encore l'écho de la voix de ma mère qui me disait : « Jamais je n'ai vu plus beau que toi, Alejandro Kosowski »
Ma voie était tracée.

Chicago, États-Unis. 2 septembre 2006.
Je suis arrivé à Chicago depuis 1 mois, je comptais m'en aller avant mais cette ville réserve des tonnes de surprises. J'ai l'avenir devant moi, et des filles à mes pieds. Le monde aussi est étalé devant moi et n'attend que d'être foulé par mes pas, parcouru par mes souffles.
J'ai 18 ans et un rêve Américain qui se concrétise. La dernière fille qui à séjourné dans mon lit, il y a quelques jours m'a dit : « Tentes ta chance. Ils n'attendent que toi, ta gueule d'ange et ton sourire ravageur. Comment penses tu qu'ils ne puissent pas être séduits ? Tu n'as qu'à compter le nombre de tes conquêtes. »
Je l'ai écouté. Elle avait raison.

Aujourd'hui.
Après de longues années de voyage entre Chicago, New York, Las Vegas, Los Angeles, puis Paris, Milan, Londres, je me retrouvais donc ici. Je n'avais rien besoin d'autre que de retrouver un peu de calme pour me ressourcer, mais sans qu'il ne me manque quoi que ce soit. Les filles, l'alcool, un bel appartement, des fêtes et de quoi travailler de temps en temps, voilà le lot quotidien que j'ai choisi, ici. Eden Isle, tellement monotone et triste pour certains, et un terrain de jeu pour moi.
Je m'appelle Alejandro Kosowski, Ukrainien de naissance, narcissique, égoiste et macho. Cette ville me va a merveille.