Ce matin là, le soleil avait décidé d’être généreux. Il avait pointé plus que le bout de son nez, réchauffant avec joie les bras et les épaules dénudées de tous ceux qui avaient décidés d’en profiter de quelle manière que ce soit. Léna n’avait pas échappé à cela, en se réveillant elle s’était promis de ne pas rester enfermée et de profiter de cette belle journée. Alors elle avait envoyé un message à un de ses amis du centre aéré et ils avaient prévu de se voir un peu plus tard dans la journée. Ainsi, elle avait quelques heures devant elle pour profiter et s’occuper un peu d’elle-même. Se faire chouchouter, quoi. Sans hésiter, elle avait appelé son salon de beauté habituel pour voir si elle pouvait venir faire ses ongles et oh miracle, ils avaient de la place. C’est le sourire aux lèvres, comme souvent, qu’elle s’était mise en route vers ce lieux qu’elle vénérait plus que tout. Elle en ressortait toujours contente d’avoir pris soin d’elle. De temps en temps elle arrêtait de penser aux autres pour ne penser qu’à elle.

Ainsi, elle passa deux heures au salon de beauté : une heure à se faire les ongles (elle avait même fait attention de choisir une couleur chaude assortie à sa robe, pour vous dire) et une autre à se faire les cheveux, qui en étaient ressortis plus brillants et soyeux que jamais. Quand elle ouvrit la porte vitrée du salon et que son pied droit foula le sol, un long soupire de bien-être passa la barrière de ses lèvres, rapidement suivit d’un sourire. Elle leva la tête vers le ciel et ferma un instant les yeux, appréciant la douce chaleur que lui procuraient les rayons du soleil qui venaient s’écraser sur son visage. Il en faut peu pour être heureux.

Elle se mit alors en route après avoir passé ses écouteurs dans ses oreilles, se laissant aller à l’ambiance d’une chanson plus qu’entraînante, des chansons faites pour l’été et la plage qui lui donnaient terriblement envie de se mettre à danser là, devant tout le monde. Chose qui devait d’ailleurs se voir quand elle marchait en rythme de la musique. C’était plus fort que elle, si Léna était du genre très ronchonne quand elle était de mauvaise humeur, elle était encore plus expressive quand elle était de bonne humeur, ayant besoin de faire passer cette joie aux gens qui l’entouraient. Elle ne comptait plus le nombre de passant qui la regardaient comme si elle venait de mars en se demandant pourquoi elle souriait à tout le monde ainsi. Seulement, elle n’avait eu le temps de faire qu’une dizaine de pas qu’elle dut s’arrêter. Un problème, en effet, venait de se poser : où allait-elle. Elle marchait, mais n’avait rien prévu. Elle tourna la tête autour d’elle, réfléchissant à ce qu’elle pouvait bien faire après cette séance de bien-être. C’est alors qu’un drôle de bruit se fit entendre. Ce bruit provenait de son corps et avait pour source son estomac. Elle pencha la tête vers son ventre. « Je crois que j’ai faim », pensa-t-elle pour elle-même avant de pouffer légèrement de rire. Un coup d’œil vers son téléphone lui informa qu’il était justement l’heure de midi, ce qui expliquait que son ventre se manifestait maintenant.

La faim eu donc raison d’elle, et elle prit la direction opposée qui menait à un de ses snacks préféré. En marchant, elle eu le réflexe, comme elle le faisait souvent, de sortir son téléphone pour changer la chanson qui passait dans ses oreilles et pianoter un peu dessus. Elle remarqua un message de son ami qu’elle devait rejoindre un peu plus tard dans la journée, le lu rapidement, et s’affaira alors à répondre. L’attention et le regard fixés sur son écran, elle continua d’avancer sans remarquer qu’elle était arrivée à un feu qui, juste au moment où elle alla pour traverser, passa au rouge pour elle. Erreur fatale. Elle eut juste le temps d’entendre des gens crier et des pneus crisser sur le sol, signe qu’un véhicule était en train de freiner en toute urgence pour ne pas l’écraser. Affolée, elle tourna rapidement la tête sur le côté et son instinct la poussa tout simplement à rester stoïque et fermer les yeux le plus fort possible en rentrant sa tête dans ses épaules, attendant l’instant fatidique.