Alejandro adorait passer ses soirées dans les boîtes de nuit : c'est là ou toutes les filles lui tombaient dessus. Toujours classe, il restait dans un coin, avec sa bouteille et ses beaux yeux noirs qui pétillaient et se reflétaient dans les lumières colorées. Il aimait se perdre dans ses pensées, tout en essayant de repérer sa future proie.
Ce soir là, il avait jeté son dévolu sur une belle brune, peut être un peu siliconée, enfin, oui, siliconée, mais pas mal tout de même. Alejandro détestait les tricheries sur le corps, lui même ne trichait pas, et les filles qui trichaient il les dédaignait encore plus. C'est pour ça qu'il s'amusait bien à les séduire - et ce n'était pas difficile avec ce genre de bimbo -, les ramenant dans son lit, déjà reparti au petit matin. Son truc préféré : laisser un mot sur la table de nuit, pour bien casser l'ambiance. Un truc qui te colle à la peau toute la journée, et qui te met dix pieds sous terre. Oui, un truc qui t'enterre.
Alejandro continuait donc de boire son verre de vodka, en commençant par lui lancer des regards évocateurs, et en souriant en voyait que la brune ne se sentait plus. C'était dans la poche. Il abandonna le fond de son verre, pris le reste de la bouteille, et se dirigeait vers la table de la bimbo. Ses copines commençaient à glousser, il leur laissa la bouteille, sachant qu'elles se souviendraient de lui la prochaine fois. Un clin d'oeil, un petit mot - bonne soirée, charmantes demoiselles - et Alejandro continua de tenter la brune.
La laissant un instant seule, afin de chercher de quoi boire, il vint ensuite sans ne plus trouver personne. Qu'à t'il bien pu se passer ? C'était pourtant dans la poche.
Alejandro ria, ce n'était pas la première fois, et il se disait, dans son apogée de narcissisme, que sa beauté devait faire peur. Peut être n'avait-il pas tord, mais de là à penser ça...
Il se tournait, et trouvait de nouveau les dindes attroupées à leur table, autour de sa bouteille. Il se sentait observé, couvert de regards coquins et de sourires en coin. Mais, autre chose l'intriguait. Il avait reconnu un visage, qui le fixait plus loin, et il se demandait pourquoi il la rencontrait, à cet endroit, maintenant, dans ces circonstances...
Il sentait qu'elle avait quelque chose à voir là dedans, parce que se prendre un vent, il n'a vécu ça qu'une fois sur mille, et zéro fois avec ce genre de filles. Il ricanait nerveusement, avant de s'asseoir à une table de laquelle il pouvait avoir un oeil sur elle.
Il ne se rappelait plus de son prénom, enfin si, il se rappelait mais n'en était plus sur. Il se rappelait qu'elle avait découvert son manège après des nuits endiablées auprès d'elle, entrecoupées par d'autres. Il savait qu'elle lui en voulait, mais au point de le suivre, il en doutait. Peut être le hasard... Il fait si mal les choses celui là aussi.
Alejandro bu d'une traite les deux verres, Tequila Sunrise, il adorait ça. Il continuait de garder un oeil sur Capucine, voilà, ça devait être ça, tout en s'allumant une clope. Oui, il y a un coin fumeur dans cette boite, et c'est bien pour ça que le beau brun y passe toutes ses nuits... Accro aux soi disant vices de la société, comment refuser une bouffée de fumée qui s'accroche dans les poumons ? On ne la refuse pas, c'est simple.

Le gros problème avec les hommes,
c’est qu’ils ne savent pas s’y prendre avec les femmes.

Apres une journée de cours, Capucine aimait se détendre en compagnie de ses amis. Ce soir la, sortie en boîte prévue. Les filles avaient passé une bonne partie de la soirée à choisir leur tenue alors que les garçons avaient eux commencé les bouteilles. Capucine n'était pas portée sur la boisson, elle n'avait aucune envie de se ridiculiser ou d'être malade un lendemain de soirée trop arrosée. Évidemment ça lui était arrivé plusieurs fois par le passé mais depuis elle préférait boire un bon cocktail plutôt qu'ingurgiter de l'alcool pour rien. Elle trouvait parfois ses potes stupides quand ils achetaient de l'alcool à bas prix juste pour se bourrer la gueule plus facilement et rapidement. Elle n'en voyait pas l'intérêt mais ce n'était pas son problème. Elle les avait déjà prévenu plusieurs fois des dangers de l'alcool, ils étaient majeurs et responsables de leurs actes. Tant qu'ils ne conduisaient pas, Capucine s'en fichait. Ils pouvaient bien être malades ça lui importait peu. Fin prête, elle retrouva ses amis en bas de son appartement pour partir en direction de la boite de la ville. Il y avait la queue mais avec un peu de patience, les amis se retrouvèrent tous dans la salle. Il y avait déjà énormément de monde pour le plus grand plaisir de la jeune femme.

Après avoir pris sa boisson, la brunette entreprit un petit tour des lieux. Elle aimait repérer l'endroit et aussi croiser des têtes qu'elle connaissait. La plupart du temps, il s'agissait d'élèves de son école. Elle croisa quelques garçons de son cours de danse puis alors qu'elle allait retourner à sa table, elle l'aperçoit, Alejandro. Un connard fini. Ils avaient eu une brève aventure et même si elle n'avait pas espéré grand chose, Capucine n'avait pas supporté son 'infidélité. Elle n'était pas tombée amoureuse de ce garçon n'ayant pas réellement eu le temps s'attacher mais voir qu'il se moquait d'elle en allant coucher ailleurs ne lui avait pas plu du tout. Il fallait dire qu'il était absolument beau parleur, trop beau, justement, pour être vrai. La brunette ne s'était pas faite avoir longtemps mais il semblerait que ça ne soit pas le cas de certaines filles.

Ce soir, le Don Juan semblait avoir jeté son dévolu sur une bimbo. La cruche gloussait au moindre de ses mots. Était elle stupide ou était-ce seulement un genre qu'elle se donnait ? Capucine n'en savait rien mais elle s'en contrefichait, tout ce qu'elle voyait c'était la possibilité de foutre en l'air le coup d'Alejandro. Il se croyait invincible ? Elle allait le faire redescendre d'un étage et rapidement. Elle aurait pu ne rien faire mais au fond, la belle était vexée. Puis son côté joueur et revanchard la poussait à ne pas se laisser faire. Profitant d'un instant d'inattention d'Alejandro, la brunette de faufila auprès de la gourde et lui glissa quelques mots à l'oreille au sujet du beau parleur. Elle pensa la tâche plus difficile et fut agréablement surprise en la voyant acquiescer et rapatrier vers ses amies. Satisfaite, Capucine retourna à sa table et contempla avec appréciation la réaction de son « ex copain ». Lorsque leurs regards se croisèrent, Capucine s'empêcha de rire. Il avait l'air plutôt vexé mais elle était certaine qu'il changerait de proie. Qu'importe, elle continuerait à l'emmerder un peu. C'était tellement plaisant. Se levant avec son verre, elle s’approcha d’Alejandro et lui sourit. « Toi, ici et surtout seul ? Comment ça s’fait ? » C’était en effet surprenant mais c’était de sa faute. Il n’était pas seul quelques instants auparavant. Malicieusement, elle le regarda tout en sirotant son cocktail. « Alors, alors, combien de nanas sont passées dans tes bras depuis qu’on s’est séparé ? Tu cherches à battre un record en fait ? » Au fond, elle s’en fichait comme de l’an quarante. Elle avait juste envie de le faire un peu chier. Puis ça la faisait rire cette attitude qu’il avait, se croyant réellement irrésistible. Ça n’était pourtant pas le cas. Aujourd’hui, elle se demandait encore ce qu’elle avait bien pu lui trouver.

S'il fallait un mot pour décrire Alejandro... Insupportable lui collerait à la peau. Tellement sur de lui, il ne semble faiblir devant rien. Aucune remarque ne le touche. Aucune provocation ne l'atteint. Trop haut pour troublé ou heurté. Et ça peut être insupportable de voir quelqu'un toujours au top.
S'il fallait bien un mot pour le décrire, tout se ramènerait à celui-ci. Sa façon d'être avec les filles, son dédain envers l'argent, sa carrière qui lui réussit. Tant qu'on ne pose pas de questions, Alejandro sera toujours impassible. L'air heureux. Et c'est bien pour ça que personne n'a jamais réussi à rester avec lui. Personne ne l'intéresse, et il ne veut intéresser personne. Pour lui, le temps signifie les questions.
Il lança un coup d'oeil à Capucine lorsqu'elle s'approcha de lui, et laissa apparaitre un sourire faussement content. Il savait très bien que rencontrer ses ex, c'était pas super. Le plus souvent, c'était des embrouilles. Mais avait l'air de vouloir se moquer de lui, et taquin, Alejandro décida de jouer d'elle à son tour. Il savait que les femmes n'aimaient pas être prises pour des connes : les tromper avec une autre était une très très grosse erreur. Pour leur amour propre surtout.
Il tirait sur sa cigarette, recrachant la fumée dans des nuages blancs, en évitant le visage de Capucine. Ok, il ne pensait plus la séduire, mais c'était quand même pas agréable. Il l'écrasait, en levant les yeux vers elle, et se mit à rire. Un rire enjôleur, qui en sait long sur ce qu'il savait. « Tu devrais être au courant, non ? » Il passa une main dans ses cheveux, même si ça ne changeait rien : habitude. Il l'écoutait attentivement, même si la musique qui tapait dans ses oreilles l'empêchait d'entendre clairement. Il arrivait à deviner ce qu'elle racontait. « Tu veux qu'on compte ensemble ? » Il n'aimait pas les questions, et hésita a rajouter un petit « si on arrive... » mais il se tu.
Ses conquêtes étaient comme une inconnue en maths. Un X impossible à trouver, une équation impossible à résoudre. Même lui ne le savait pas. Il ne faisait pas ça pour remplir des carnets remplis de noms, et de notes débiles sur les coups qu'il s'est fait. Il le faisait simplement pour ne s'attacher à personne. Il cherchait toujours meilleur, souvent il trouvait, mais le plus souvent pas, mais ça importait peu. L'essentiel était qu'il oublie l'ancienne.
Alejandro ne voulait pas bâtir sa vie sur les sentiments, parce que les sentiments changent. Ils sont fragiles et incertains. Tu les crois profonds et ils sont soumis à une jupe qui passe, à un sourire enjôleur. Des gens qui s'aimaient pour la vie... Il n'en connaissait pas.

Il finit par se lever de son tabouret, l'observant d'un autre angle. Tant qu'à faire, puisqu'il était seul, autant profiter qu'elle soit là. Elle n'avait pas l'air de tellement vouloir lui en faire baver, alors pourquoi pas. Il regardait autour de lui, quelques regards, des sourires et des yeux envieux se posaient sur eux. « Tu veux boire quelque chose ? » finit-il par lâcher, attendant sa réponse.

Le gros problème avec les hommes,
c’est qu’ils ne savent pas s’y prendre avec les femmes.

Revoir Alejandro ne faisait pas remonter que des bons souvenirs. Capucine ne l’avait pas aimé mais son ego en avait pris un coup lorsqu’elle s’était rendu compte qu’il l’avait trompé durant leur courte relation. Ça n’était jamais agréable pour une femme d’être dupée. Il était le genre de beau parleur qi promettait monts et merveilles. Elle ne l’avait pas réellement cru mais ne s’était pas plus méfiée que ça. Au fond, elle n’avait pas d’attentes spéciales. Elle avait pris ce qu’il lui offrait et les moments passés en sa compagnie avaient été plus qu’agréables. Evidemment, elle aurait dû être beaucoup plus méfiante. Cependant, c’était trop tard pour changer les choses et, même si elle était vexée, elle n’allait pas y penser toute sa vie. Pourtant, le revoir lui donnait envie de lui mener la vie dure. Elle n’aimait pas son comportement, cette attitude hautaine, « m’as-tu vu ». Ça l’insupportait. Il se croyait parfait, trop sûr de lui et l’envie de le faire redescendre de son petit piédestal se faisait beaucoup trop grande ce soir.

La conquête convaincue, Capucine alla le rejoindre. Il semblait surpris mais nullement agacé. Il lui en fallait certainement plus puis, il devait se dire qu’il n’aurait aucun mal à trouver quelqu’un d’autre. C’était sans compter sur la présence de la brune ce soir. Elle allait tout faire pour qu’il rentre seul. Peut-être aurait-elle dû le laisser tranquille et retrouver ses amis mais elle décida de rester. Ça serait son amusement du soir. « Tu devrais être au courant, non ? » Son rire était presque insupportable. Comment un garçon avec un physique plutôt « angélique » pouvait être si mesquin et arrogant ? C’était sûrement ça son atout. Il était un salaud avec un physique tendre. Un visage doux qui cachait ce caractère si désagréable. Il pouvait faire croire n’importe quoi à n’importe qui. Mais en observant bien, cette attitude hautaine finissait par ressortir. Son masque sympathique ne restait pas bien longtemps. « Tu veux qu'on compte ensemble ? » Là, ce fut au tour de Capucine de se mettre à rire. Elle n’en avait rien à faire de ce foutu nombre, c’était juste une remarque. Levant un sourcil, elle finit par rouler des yeux. « Tu penses que c’est possible ? Je suis sûre que toi-même tu ne sais plus avec combien de femme du as couché. » Capucine, elle, savait parfaitement avec combien d’homme elle s’était laissée aller. Il n’y en avait pas eu énormément. Des petits amis ou des conquêtes éphémères, elle se souvenait à peu près de chaque homme. Elle n’était ni une sainte nitouche ni une fille facile.

« Tu veux boire quelque chose ? » Surprise d cette « invitation », elle acquiesça. « Avec ‘grand’ plaisir » affirma-t-elle exagérément « un mojito s’il te plait. » Posant son coude sur le bar et son menton sur sa main, elle l’observa puis se tourna vers la fille qu’il aurait dû avoir ce soir. « T’as des goûts variés en matière de nana en fait parce que j’espère ne pas faire partie de cette catégorie-là. » Poupée siliconée et très peu vêtue. Elle savait qu’elle ne ressemblait pas à cette nana et la seule chose qui pourrait les rattacher l’une à l’autre était la couleur foncée de leurs cheveux. Cette fille semblait tellement superficielle et elle espérait réellement ne pas dégager la même chose qu'elle. Capucine savait qu’elle jugeait un peu vite cette femme mais c’était, malheureusement, ce que la plupart des gens devaient penser. Silhouette extravagantes, seins refaits exagérément, lèvres trop gonflées... Finalement, la brunette haussa les épaules. « tu n’as pas peur que tes possibles conquêtes s’évaporent avec moi à ta table ? » Replaçant une mèche de ses cheveux bouclés derrière son oreille, Capucine observa à nouveau les alentours. Beaucoup de filles étaient tournées vers eux. Elle savait qu’Alejandro plaisait et elle attirait sûrement quelques regards jaloux.