Eden Isle est une petite ville située au Sud de la Louisiane.
Les habitants y sont peu nombreux, l’ambiance y est agréable. Puis, on s’aime, on se déteste, on se côtoie, on s'évite. Il n’y a pas de miracle, finalement.

Comment survit-on aux caresses assassines ? Aux coups de butoir plus intenables que les coups de poignards ? Elles ont des sourires tristes. Des sourires faux. Des sourires qui pleurent. Elles ne savent que cacher les ecchymoses de leurs cœurs. Flottent dans l’air des fragrances de tristesse, de déshonneur. Il n’y a pas de flamme dans leurs orages. Pas d’espoir, au bout du tunnel. L’infini s’éternise. Le temps ralentit. Certaines ont perdu l’envie de se battre pour être heureuse. Au moins un peu. Elles sont prostituées. &, lorsque les unes pleurent, la honte dans la gorge, les autres assument leur statut & envoient valser l’oppression, les préjugés.
Chaque être à ses secrets, ses mystères. Chaque être emprunte une voie qui lui semble adéquate, qui semble coller à leur histoire.
On se trompe. On recule. On recommence.
Chaque jour, les pas claquent devant cette bâtisse, cette foutue maison close. Chaque jour, les regards se posent sur ces filles au sourire immense mais peut-être si factice. Chaque jour, ce monde est jugé différent. & lamentable.
Quand a-t-on cessé de se battre pour les détails de nos vies qui nous rendaient pourtant vivant ? À trop chercher le bonheur, on finit hélas par se perdre.
Le vent continue de souffler. La neige continue de tomber. L’horloge continue de tourner. Inéluctablement. & les passants marchent encore, alimentent leur quotidien de « patron emmerdant », de « meilleure amie décevante », de tout, de rien.
La vie.
Eden Isle est le lieu de tous les sentiments, de toutes les histoires.
Chacun se connait, se reconnait.
Eden Isle, c'est la ville trop petite, trop monotone. La ville qu'on aimerait quitter, mais à laquelle on se raccroche désespérément.
Eden Isle, c'est l'ennemi des secrets, la Faucheuse des moments d’intimité. Il est nécessaire d'accepter d'être épier par des voisins curieux, présents, omniprésents. & puis, le temps passe, on s'attache, & quitter cet endroit en revient à perdre un morceau de soi.